Comprendre la posture d'une institutrice face au jeu de faire semblant en deuxième maternelle : une étude de cas dans un environnement scolaire encadré par des attentes institutionnelles en Fédération Wallonie- Bruxelles.

Abstract

Ce mémoire explore la place du jeu de faire semblant dans les classes de deuxième maternelle en Fédération Wallonie-Bruxelles, à travers le regard et les pratiques d’une enseignante expérimentée. En m’inscrivant dans une posture compréhensive, j’ai cherché à comprendre comment ce type de jeu est perçu, organisé et valorisé dans un contexte scolaire marqué par des tensions entre approche développementale et exigences institutionnelles. Le cadre théorique mobilisé s’appuie sur les apports de Vygotsky, Clerc-Georgy, Brougère, Van Oers et Garnier, qui soulignent le rôle essentiel du jeu de faire semblant dans le développement cognitif, langagier, émotionnel et social de l’enfant. Le jeu de faire semblant est ici envisagé comme un levier d’apprentissage, d’expression et de socialisation. La méthodologie qualitative adoptée combine des entretiens semi-directifs, des observations filmées en classe et des autoconfrontations. Ce croisement de données a permis de saisir à la fois les intentions pédagogiques de l’enseignante, les ajustements qu’elle opère dans sa pratique, et les interactions observées dans les coins jeux. Les résultats montrent que le jeu de faire semblant est un espace riche d’apprentissages, à condition qu’il soit soutenu par un environnement adapté, une posture enseignante réflexive et une reconnaissance institutionnelle suffisante. Toutefois, des tensions émergent entre la volonté de préserver la spontanéité du jeu et les injonctions à formaliser les apprentissages. L’enseignante observée adopte une forme de résistance douce, en documentant les apprentissages informels pour en démontrer la valeur. Ce travail souligne également les limites liées au choix d’une seule étude de cas, au contexte spécifique de l’école, et à l’absence de point de vue direct des enfants. Il ouvre des perspectives pour des recherches futures intégrant davantage d’acteurs (enseignants, enfants, familles) et portant sur des contextes variés. En définitive, ce mémoire plaide pour une reconnaissance plus forte du jeu de faire semblant comme outil pédagogique à part entière, et pour une école maternelle qui fasse confiance aux capacités d’apprentissage spontanées des enfants à travers le jeu.