Quand le soin court après le temps : perception infirmière des soins manqués, de l'équilibre travail-vie personnelle et de la satisfaction au travail selon le type d'horaire dans les soins intensifs de Wallonie

Abstract

Introduction : La rétention infirmière est un enjeu majeur dans la lutte contre la pénurie infirmière. Un des moyens d’actions consiste à agir sur l’environnement de travail et plus particulièrement, sur les horaires de travail. L’émergence de nouveaux modèles d’horaires de travail semble offrir des avantages tant sur le plan institutionnel qu’individuel. Les unités de soins intensifs sont des services soumis à une législation particulière : l’investigation de ces modèles au sein de ces unités est pertinente. Cette étude vise à déterminer s’il existe une association entre la perception infirmière de la satisfaction au travail, de l’équilibre travail-vie personnelle et les soins manqués selon le modèle d’horaire aux soins intensifs en Wallonie. Matériel et méthodes : Une étude quantitative transversale de type observationnel a été réalisée. Les infirmiers intensivistes de Wallonie ont été invités à répondre volontairement à un questionnaire informatisé. Les variables dépendantes, à savoir la satisfaction au travail, les soins manqués et l’équilibre travail-vie personnelle, ont été évaluées à l’aide d’échelles scientifiquement validées ou d’échelles précédemment utilisées dans des études multicentriques. Des analyses par régressions multiples et par régression logistique binaire ont été effectuées pour investiguer l’association entre les variables dépendantes et les variables indépendantes. Seules les variables statistiquement significatives (p-valeur ≤ 0,05) dans les analyses univariées ont été incluses dans les modèles multivariés, en plus du modèle d’horaire infirmier, variable genèse de cette étude. Résultats : Au total, 227 infirmiers ont été inclus dans cette étude. Parmi eux, 38,8% travaillaient selon un modèle en trois pauses, 27,7% selon un modèle en deux pauses et 33,5% selon un modèle mixte. Les modèles d’horaires infirmiers n’étaient pas associés significativement à la satisfaction au travail, à l’équilibre travail-vie personnelle ou aux soins manqués. Cependant, d’autres variables se sont avérées significativement associées dans les deux types d’analyses, notamment l’intention de quitter. Conclusion : Le modèle d’horaire en trois pauses demeure la norme au sein des unités de soins intensifs de Wallonie. Dans ce mémoire, les modèles d’horaires infirmiers ne sont pas associés aux trois variables dépendantes analysées. Cela permet ainsi d’ouvrir les perspectives sur la flexibilité des horaires. Il est vivement recommander de poursuivre les investigations dans ce domaine en y concluant des variables médiatrices, modératrices et de de contrôle tout en veillant à apprécier la dimension systémique des horaires.

Introduction : Nurse retention is a major issue in addressing the nursing shortage. One potential avenue for action is to improve the work environment, with a specific focus on work schedules. The emergence of new scheduling models appears to offer advantages at both institutional and individual levels. Given that intensive care units are subject to specific regulations, investigating these models within such units is relevant. This study aims to determine whether there is an association between nurses' perceptions of job satisfaction, work-life balance, and missed care depending on the scheduling model used in intensive care units in Wallonia. Materials and Methods: A cross-sectional quantitative observational study was conducted. Intensive care nurses in Wallonia were invited to voluntarily complete an online questionnaire. The dependent variables—namely job satisfaction, missed care, and work-life balance—were assessed using scientifically validated scales or scales previously used in multicenter studies. Multiple regression and binary logistic regression analyses were performed to examine associations between the dependent and independent variables. Only variables that were statistically significant (p-value ≤ 0.05) in univariate analyses were included in the multivariate models, in addition to the nurse scheduling model, which was the primary independent variable of interest in this study. Results: A total of 227 nurses were included in this study. Among them, 38.8% worked according to a three-shift model, 27.7% followed a two-shift model, and 33.5% worked under a mixed schedule. Nursing shift models were not significantly associated with job satisfaction, work-life balance, or missed care. However, other variables were found to be significantly associated in both types of analyses, notably the intention to leave. Conclusion: The three-shift schedule model remains the standard in intensive care units in Wallonia. In this thesis, nurse scheduling models are not associated with the three dependent variables analyzed. This opens up new perspectives on schedule flexibility. It is strongly recommended to continue investigations in this area by including mediating, moderating, and control variables, while also taking into account the systemic dimension of scheduling.