Les prairies à chevaux : un détournement des terres agricoles ?

Abstract

Dans un contexte de pression foncière croissante et de reconfiguration des usages du sol, les espaces occupés par l’activité équine soulèvent des enjeux territoriaux, fonciers et réglementaires encore peu étudiés. Cette étude s’intéresse à la multiplication des prairies à chevaux en se concentrant sur trois villages wallons, historiquement agricole : Banneux, Voroux-lez-Liers et Liers. L’étude repose sur une combinaison de relevés de terrain, d’observations cartographiques et d’entretiens menés auprès de 44 propriétaires de chevaux (originaires essentiellement de Belgique ou de France), de quatre manèges locaux ainsi que d’autorités communales locales et extérieures aux zones d’études. Les résultats révèlent que les prairies à chevaux sont souvent situées sur des terres agricoles de moindre qualité ou difficilement accessibles aux engins agricoles. Les acteurs interviewés soulignent un flou administratif, notamment l’absence de distinction entre prairies équines et bovines, ainsi qu’un manque de reconnaissance du secteur équin dans les politiques agricoles. En outre, une concurrence d’usage émerge entre fonctions agricoles traditionnelles et fonctions récréatives, marquée par la pression foncière en zones périurbaines. Ce phénomène, même s’il contribue à la diversification des activités agricoles et au maintien des espaces ouverts, suscite des questionnements sur l’avenir de l’agriculture traditionnelle, la gestion du foncier et la cohabitation des usages au sein des espaces ruraux. Ainsi, ce mémoire met en évidence un phénomène discret, incitant à une meilleure intégration du secteur équin dans les politiques d’aménagement du territoire, à une clarification réglementaire et à une réflexion approfondie sur les conflits d’usage entre les acteurs du monde rural.