Génies et genèses : le concept de génie dans les œuvres de Kant et Deleuze

Abstract

Ce mémoire explore la figure du génie à la lisière de Kant et Deleuze, en partant d’une lecture deleuzienne de la Critique de la faculté de juger. Chez Kant, le génie institue les règles de l’art dans un libre jeu des facultés, sans conscience de sa propre législation. Deleuze, lisant entre les lignes du criticisme, y repère les linéaments d’un autre régime de création : non plus fondé sur la subjectivité, mais sur des forces impersonnelles, des devenirs singuliers, des styles intensifs. En substituant à l’esthétique du jugement une pensée des forces, Deleuze esquisse une poïéthique : un art de vivre l’intensité, de créer sans modèle, dans un rapport direct au chaos. Ce geste ouvre à une métaesthétique, où la création ne se fonde plus sur un sujet souverain mais sur des agencements de percepts et d’affects. Le génie devient ainsi une fonction problématique : peut-on penser la création sans sujet ? Délié du sujet, le génie peut-il encore nommer ce qui fait événement dans la pensée et dans l’art ?