Comment les jeunes racisé·e·s de la région liégeoise, au moment de leur entrée dans le monde du travail, perçoivent-ils et vivent-ils les discriminations dans l'accès aux postes qualifiés ?

Abstract

Ce travail interroge la manière dont les jeunes racisé·e·s de la région liégeoise perçoivent et vivent les discriminations dans l’accès aux postes qualifiés, au moment de leur entrée dans le monde du travail. Partant d’un questionnement personnel nourri par des constats de terrain, l’étude s’appuie sur une série d’entretiens qualitatifs menés auprès de jeunes diplômé·e·s âgé·e·s de 23 à 30 ans, titulaires d’un bachelier ou d’un master.

À travers leurs récits, ce TFE met en lumière des formes de discrimination souvent indirectes mais profondément structurantes, qui s’expriment dans les processus de recrutement : attentes implicites, stéréotypes persistants, injonctions à se conformer à des normes professionnelles implicites. Ces expériences engendrent une fragilisation du rapport à soi, une perte de confiance, mais aussi des renoncements stratégiques et des choix de carrière contraints.

Trois hypothèses ont guidé l’analyse : l’existence de discriminations systémiques souvent banalisées, leur impact sur les trajectoires professionnelles, et les stratégies d’adaptation développées (modification du CV, autocensure, évitement de certains secteurs). En croisant les données empiriques et les apports théoriques (Fanon, Bourdieu, Mazouz, hooks, etc.), ce travail propose une lecture critique des normes implicites du marché de l’emploi et des logiques d’exclusion qui s’y rejouent.