Caractérisation du tempérament d'agressivité envers les humains inconnus chez les chiens de protection de troupeau

Abstract

Le retour du loup en France a accru la prédation sur les troupeaux, plaçant les chiens de protection au centre des mesures préventives. Leur efficacité est reconnue, mais leur utilisation génère aussi des plaintes liées à des comportements agressifs envers les usagers de la montagne. L’objectif de cette étude était d’évaluer si l’agressivité envers des humains inconnus reflète un tempérament, défini comme un trait individuel stable à travers stades et situations. Des tests standardisés ont été réalisés dans le cadre du projet Le Patou ne fait pas tout sur trois races (Kangal, Cão de Gado Transmontano, Montagne des Pyrénées), à trois stades de développement (adolescent, subadulte, adulte) et dans deux situations (Homme inconnu, VTT inconnu). L’échantillon regroupait 33 chiens, dont les comportements ont été codés dans un éthogramme spécifiquement conçu. Seuls les comportements d’agressivité ont été retenus pour les analyses. Les GLMM et estimations de répétabilité ne montrent qu’aucune des deux conditions définissant un tempérament (stabilité entre stades et entre situations) n’est remplie. Seules les occurrences présentent une stabilité inter-stades, sans cohérence entre situations. L’agressivité envers le VTT est plus marquée à l’adolescence et au stade subadulte, mais la répétabilité quasi nulle pour la durée suggère un effet seulement populationnel, tandis que la répétabilité élevée pour l’occurrence indique une cohérence individuelle chez certains chiens. Ces résultats suggèrent un processus d’habituation progressive aux stimuli familiers et une sensibilité accrue face à des objets inconnus, rapides et mobiles. L’étude met aussi en évidence des différences interindividuelles importantes, reflétant l’influence du milieu d’élevage et des expériences individuelles. Dans cet échantillon, l’agressivité n’apparaît pas comme un trait de tempérament stable et ne peut constituer un critère principal de sélection. Elle reste toutefois un paramètre à considérer, en combinaison avec d’autres comportements, et mériterait d’être testée sur des échantillons plus homogènes