Étude du processus de défragmentation de l'Amblève sur le site de la cascade de Coo

Abstract

La fragmentation des cours d’eau constitue une menace majeure pour la continuité longitudinale et la biodiversité, en limitant l’accès des poissons aux habitats fonctionnels nécessaires à leur cycle de vie. Si la construction de barrages a apporté des bénéfices considérables en termes d’approvisionnement en eau et en énergie, d’irrigation ou encore de navigation, elle perturbe profondément le fonctionnement naturel des rivières. En Wallonie, la cascade de Coo située sur l’Amblève en Province de Liège représente un obstacle majeur, rendue partiellement franchissable en 2021 grâce à l’installation d’une passe de type capture-transport mise en place par le gestionnaire de la centrale hydroélectrique ENGIE. Cette étude visait à évaluer la contribution de ce dispositif à la restauration de la connectivité longitudinale de l’Amblève, à travers deux approches : - le radiopistage actif de barbeaux (Barbus barbus, n = 21) et de chevaines (Squalius cephalus, n = 11) sur trois années consécutives (2022-2025), afin d’analyser leurs déplacements et leurs comportements post-franchissement ; - l’évaluation de l’efficacité de la passe à poissons via des suivis passifs (antennes radio et RFID) réalisés sur 24 barbeaux transloqués en aval du dispositif le 13 mai 2025. Le pistage actif a montré que la réouverture de l’axe migratoire permettait la recolonisation du secteur en amont de la cascade : plusieurs barbeaux et une majorité de chevaines s’y sont établis durablement, accédant ainsi à de nouveaux habitats fonctionnels. Les barbeaux ont présenté des domaines vitaux et des distances totales nettes parcourues significativement plus élevés que les chevaines, traduisant une plus grande mobilité. L’évaluation de l’efficacité de la passe a révélé certaines limites. Si une majorité des individus a atteint l’entrée du système de détection (91,67 %) et a rejoint la cascade (87,50 %), seulement un tiers d’entre eux a trouvé l’entrée de la passe et progressé jusqu’à la cage (36,36 %). Dès lors, nous avons constaté que seuls 12,5 % sont effectivement entrés dans la cage et ont pu être capturés. Le taux d’attraction global du canal de restitution de 36,36 % souligne la difficulté des poissons à localiser l’entrée de la passe. Ces résultats confirment que la performance du dispositif demeure faible et dépend fortement de sa gestion (curage, débit d’attrait, relève de la cage). En conclusion, la passe de Coo contribue partiellement à la restauration de la continuité écologique de l’Amblève, mais son efficacité reste limitée. Ce travail, met en évidence la nécessité d’améliorer l’attractivité et la gestion du dispositif pour en accroître la valeur ajoutée écologique.