Influence de la salinité sur la croissance et la composition de la cuticule de la crevette à pattes blanches ([i]Penaeus vannamei[/i]) en conditions d'élevage en circuit expérimental à eau recirculée

Abstract

La crevette à pattes blanches (Penaeus vannamei) est une espèce aquacole d’importance mondiale. Originaire des côtes tropicales occidentales de l’Amérique latine, elle est principalement produite en élevages extensifs et semi-intensifs en Equateur et en Asie avant d’être importée en Europe. Dans ces pays, les conditions d’élevage ne sont pas écologiquement durables (forte utilisation d’antibiotiques et de traitements médicamenteux). Dernièrement, afin de pallier l’importation de ces crevettes produites dans des conditions moins bonnes, la production de la crevette à pattes blanches a commencé à se développer dans nos régions, dans des systèmes à eau recirculée. L’un des problèmes de ces élevages éloignés des côtes est l’utilisation d’eau salée qui entraîne d’importants coûts de production et d’entretien des infrastructures, en plus d’exercer un impact environnemental via les rejets d’eaux salées. Réduire la salinité pourrait permettre de diminuer les coûts économiques et écologiques de l’aquaculture de crevettes. L’objectif de ce mémoire était donc d’évaluer la possibilité d’élever P. vannamei à de faibles salinités en maintenant un taux de survie et de croissance satisfaisant, ainsi qu’une qualité optimale de la cuticule des crevettes, cette dernière jouant un rôle important dans leur survie et leur bien-être. Dans cette optique, des juvéniles ont été élevées à trois salinités différentes (5, 10 et 20 g/L) durant 50 jours. Des mesures de qualité d’eau étaient prises quotidiennement (température, taux de saturation en oxygène dissous, pH, salinité, conductivité) et hebdomadairement (concentrations en ammoniaque, nitrites, nitrates, sulfates, potassium, phosphates, zinc, fer, cuivre, alcalinité et dureté totale). L’influence de la salinité sur la croissance a été évaluée sur base de données de poids, longueurs et surfaces prises en début, milieu et fin d’expérimentation. Les résultats ont montré des différences dans les taux de survie dépendants de la température mais non de la salinité. Aucune différence de croissance ou d’organisation générale de la cuticule n’a été observée entre les trois traitements salins. Les données obtenues concernant la minéralisation de la cuticule laissent entrevoir un possible effet de la salinité, mais le nombre d’échantillons, insuffisant, ne permet aucune conclusion et des analyses complémentaires seraient nécessaires. Cette étude suggère que l’élevage de juvéniles de P.vannamei à une salinité abaissée jusque 5 g/L permettrait de maintenir un taux de survie et de croissance satisfaisant et ne nuit pas à la structuration de la cuticule.