Les anoures dans les Hautes Fagnes : mise en évidence de leur répartition et des facteurs biotiques et abiotiques expliquant leur présence et leur abondance dans cette région

Abstract

La grenouille rousse et le crapaud commun, deux espèces assez communes d’amphibiens, voient certaines de leurs populations décliner au cours des dernières années. La cause principale est la perte d’habitats. Dans ce contexte, ce mémoire s’intéresse aux facteurs pouvant influencer la présence et l’abondance de ces espèces sur le territoire des Hautes Fagnes, à l’Est de la Belgique. Ce territoire a l’originalité de présenter des habitats variés, dont certains sont originaux et potentiellement favorables à la persistance de ces espèces.

Des recensements répétés de manière standardisée, dans 99 mares ont été effectués durant les mois d’avril, mai et juin 2025 afin de repérer pontes, adultes et têtards de grenouilles rousses et crapauds communs. Pour chaque site, différents facteurs biotiques et abiotiques (profondeur, pH, présence de traces de prédateurs, sphaignes, connectivité, proportion de fagne et de forêt, climat) ont été analysés afin d’évaluer les préférences de ces deux espèces.

La présence importante de ces deux espèces sur les sites étudiés montre que les Hautes Fagnes peuvent constituer un territoire convenant aux amphibiens malgré les conditions particulières de ce milieu (comme par exemple, l’acidité).

A la suite des recensements, des analyses statistiques, au moyen de modèles linéaires généralisés, ont permis de mettre en évidence que ces espèces généralistes avaient des préférences pour des mares profondes, avec un climat fagnard marqué (frais et humide), un pH pas trop acide et un paysage ouvert. Les 2 espèces ont des préférences pour des habitats relativement similaires. Elles sont par ailleurs souvent retrouvées ensemble dans les points d’eau. L’originalité des habitats fagnards est donc plutôt favorable à la présence de ces espèces.

Ces résultats pourront permettre de gérer les habitats, aussi bien aquatiques que terrestres, en adéquation avec les besoins spécifiques de ces espèces. Comprendre leurs préférences écologiques offre la possibilité d’améliorer la qualité des habitats déjà utilisés, et en créer de nouveaux en intégrant ces caractéristiques afin d’améliorer les chances de colonisation et de succès reproducteur.