Utilisation de l'habitat et des sites dortoirs par deux espèces sympatriques de primates : une étude comparative dans le parc national de Bali Barat, Indonésie

Abstract

Notre époque est marquée par une dégradation accélérée des habitats naturels, entraînant une perte massive de biodiversité et une vulnérabilité accrue pour de nombreuses espèces, en particulier les primates. Dans ce contexte, il est essentiel d’identifier les ressources clés et d’évaluer la capacité de réponses des espèces face aux perturbations environnementales, afin de mieux cerner les menaces qui pèsent sur elles et d’orienter les stratégies de conservation. Ce mémoire s’inscrit dans cette perspective en étudiant deux espèces sympatriques de primates dans le Parc National de Bali Barat, en Indonésie : le langur de Java (Trachypithecus auratus), une espèce décrite comme spécialiste, et le macaque à longue queue (Macaca fascicularis), espèce généraliste et synanthrope. L’étude avait pour objectifs de (1) caractériser l’écologie comportementale et spatiale par un suivi éthologique de deux groupes de langurs de Java, une espèce encore peu documentée, et (2) comparer les stratégies de sélection des sites dortoirs entre quatre groupes de langurs et neuf groupes de macaques, en testant différentes hypothèses (évitement des prédateurs, compétition interspécifique, évitement des parasites et moustiques, confort). Les résultats révèlent que les langurs exploitent préférentiellement la strate moyenne de la canopée pour diverses activités, mais présentent également une terrestrialité plus marquée par rapport à des forêts humides et plus fermées. Les résultats montrent que les deux espèces utilisent des stratégies différentes lors de leur choix de sites dortoirs, avec une sélection d’arbres émergents et à canopée à faible densité par les langurs. À l’inverse, les macaques montrent une tolérance accrue aux zones anthropisées, choisissant plus fréquemment leurs sites dortoirs avec des arbres larges et à proximité des infrastructures et des lumières artificielles. Les deux espèces se distinguent ainsi nettement dans leurs réponses écologiques, reflétant des stratégies adaptatives divergentes face aux pressions anthropiques.