Des jachères mellifères d'automne pour la préservation des auxiliaires : un outil de lutte intégrée contre les pucerons de la betterave

Abstract

Les insectes, et les services écosystémiques qu’ils fournissent, déclinent en réponse à la transformation des milieux agricoles en habitats homogènes, pauvres en ressources florales. Face à ce constat, les bandes fleuries revêtent une importance majeure dans le maintien des populations d’insectes auxiliaires assurant le contrôle biologique des nuisibles des cultures. Ce travail a évalué l’influence de la composition florale des jachères mellifères d’automne et de la date de semis sur la diversité et l’abondance des insectes auxiliaires, ainsi que sur la présence de pucerons et la lutte biologique. Deux mélanges floristiques diFérents ont été implantés sur plusieurs parcelles d’agriculteurs en Hesbaye, Wallonie. Parallèlement, seize microparcelles ont été réparties de manière randomisée selon le mélange et la date de semis (octobre ou novembre) sur une parcelle expérimentale à Gembloux. Pour les deux dispositifs, le recouvrement végétal et floristique, ainsi que la présence ou l’absence de pucerons pouvant servir de proies/hôtes alternatifs aux auxiliaires au sein des mélanges, ont été relevés. Dans les parcelles des agriculteurs, leur eFet sur les auxiliaires a été évalué à l’aide d’indices écologiques (abondance, richesse spécifique, indice de Shannon et équitabilité), tandis que des comptages d’ennemis naturels et de pucerons ont été réalisés dans les betteraves adjacentes aux jachères mellifères et dans les parcelles témoins. Les résultats indiquent qu’aucune diFérence notable de couverture végétale et florale n’a été observée entre les deux mélanges chez les agriculteurs. L’attractivité des jachères mellifères influence les dynamiques de populations de pucerons et d’ennemis naturels, ce qui se traduit par une eFicacité marquée de la lutte biologique contre Aphis fabae. En revanche, cela n’a pas été constaté pour Myzus persicae. Un semis tardif réduit la couverture végétale et florale, tout en augmentant la présence de proies/hôtes alternatifs, soulignant ainsi le rôle déterminant de la date de semis. Ces résultats suggèrent que l’optimisation conjointe des mélanges floristiques et des périodes de semis pourrait améliorer l’eFicacité de la lutte biologique.