Mémoire

Abstract

Ce mémoire porte sur le commerce international des textiles usagés, en mettant l’accent sur le rôle de la Belgique dans une dynamique européenne et ses implications à l’échelle mondiale. La Belgique constitue un acteur important mais encore peu documenté de ce marché. L’analyse s’appuie sur les données de UN Comtrade pour les catégories HS6309 et HS6310, couvrant l’ensemble des échanges commerciaux entre les pays concernés sur une période de 26 ans (1999–2024), ainsi que sur des entretiens réalisés avec des acteurs et experts du secteur. L’objectif est d’identifier les principaux acteurs de ce commerce en relation avec la Belgique, puis avec l’Europe, et de comprendre les flux tout en évaluant leurs impacts sociaux et environnementaux. Ce commerce s’inscrit dans un contexte de surconsommation lié à la fast fashion. Les modes de consommation rapide augmentent les volumes de textiles tout en réduisant leur qualité. Cette dynamique génère des enjeux environnementaux, tels que des dépôts à ciel ouvert et des émissions de carbone liées au transport de ces textiles vers d’autres continents, ainsi que des enjeux sociaux, dans un contexte d’inégalités où les pays du Nord, notamment européens, ont la mainmise sur ce marché et sur ses profits, profitant également de cette position pour exporter des déchets textiles tout en prétendant accomplir une bonne action en donnant leurs vêtements usagés aux pays dans le besoin. En 2024, les exportations de textiles usagés ont représenté un volume financier de 2,33 milliards de dollars au niveau européen. Sur l’ensemble des 26 dernières années, ces flux se répartissent à hauteur de 48 % intra-européens, 31 % vers l’Afrique et 20 % vers l’Asie. Concernant la Belgique, les résultats montrent que le pays a collecté 85 000 tonnes de textiles usagés en 2020, dont environ 50 % étaient destinés à l’exportation. La Belgique a également importé en moyenne 65 000 tonnes de textiles usagés par an sur la période 1999 2024, provenant à plus de 95 % de pays européens et à plus de 80 % de pays voisins, l’Allemagne représentant le flux le plus important. Les exportations sur la même période s’élèvent à 145 000 tonnes par an, faisant de la Belgique le 9ᵉ exportateur mondial de textiles usagés en 2020. Les principales destinations sont les pays d’Afrique subsaharienne pour le commerce de textiles de seconde main, avec le Cameroun en tête représentant 20 % des exportations totales de la Belgique, les pays asiatiques tels que l’Inde et le Pakistan, où une main-d’œuvre peu coûteuse est mobilisée pour le tri et le recyclage, et enfin l’Europe. L’analyse souligne la nécessité de stratégies d’économie circulaire, telles qu’un recyclage local renforcé et une production de meilleure qualité, afin de réduire les exportations et d’allonger la durée de vie des vêtements. Avec 60 % des consommateurs ouverts aux options de seconde main mais seulement 20 % y ayant recours, le potentiel du marché européen est vaste, mais la baisse de qualité constitue un défi. Les politiques futures, y compris les réglementations de l’Union européenne de janvier 2025, pourraient favoriser des pratiques durables et atténuer les inégalités mondiales.