L'impact des compagnies d'assurances sur les systèmes de l'aménagement : le cas du risque d'inondation

Abstract

Ce mémoire analyse l'impact des compagnies d'assurances sur les systèmes d'aménagement du territoire en Wallonie dans le contexte du risque d'inondation. Les catastrophes de juillet 2021 (2,8 milliards d'euros de dommages, 39 décès) ont révélé les limites de la gouvernance territoriale du risque et la nécessité d'articuler secteur assurantiel et politiques d'aménagement. La recherche s'appuie sur des entretiens semi-directifs avec huit acteurs clés : assureurs (Assuralia, Ethias), autorités publiques (SPW, commune d'Oupeye) et bureau d'études (Pluris). L'hypothèse principale postule qu'une meilleure intégration du secteur assurantiel pourrait réduire l'exposition aux risques et renforcer la résilience territoriale. Les résultats confirment l'absence totale de collaboration directe entre assureurs et aménageurs. Les données de sinistralité, précises à l'échelle parcellaire, ne sont transmises qu'agrégées au niveau communal, limitant leur utilité pour orienter l'urbanisation et prioriser les investissements. Le secteur assurantiel reste absent des instances de coordination comme le Groupe Transversal Inondation, perpétuant un cloisonnement institutionnel. Pourtant, les mécanismes assurantiels (tarification différenciée, conditions d'assurabilité) constituent des leviers de régulation territoriale efficaces, comme le démontrent les expériences internationales (Flood Re, NFIP). Les innovations du secteur (Moniteur des dommages climatiques, outils d'intelligence artificielle) révèlent une évolution vers un rôle préventif. Les obstacles identifiés (RGPD, secret des affaires, divergences méthodologiques) apparaissent surmontables via des protocoles d'anonymisation et conventions de partage. Le Plan de Relance wallon (465 millions d'euros) offre une opportunité d'institutionnaliser cette collaboration. Face aux projections climatiques prévoyant de plus en plus d'événements similaires à 2021, l'intégration du secteur assurantiel devient une nécessité. Cette évolution appelle une gouvernance hybride public-privé où l'expertise assurantielle enrichit la décision publique, condition essentielle pour construire des territoires résilients.