Vers un profil de fonction des infirmiers de pratique avancée aux urgences : analyse mixte des besoins, freins et leviers à l'implémentation

Abstract

Introduction : Les services d’urgences connaissent une saturation croissante, liée à la pénurie des médecins généralistes, au vieillissement de la population et à la complexité accrue des prises en charge. Ces facteurs engendrent une augmentation de la fréquentation, des temps d’attente et une pression importante sur les équipes médicales et infirmières. Dans ce contexte, l’introduction du rôle d’Infirmier de Pratique Avancée (IPA), récemment reconnu par un cadre légal en Belgique, représente une opportunité pour répondre à certains besoins cliniques et organisationnels. Matériel et méthode : Cette recherche exploratoire, inscrite dans le cadre du modèle PEPPA, a combiné une approche qualitative puis quantitative. Treize entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de médecins et d’infirmiers ayant au moins cinq ans d’expérience aux urgences. Une questionnaire en ligne, basé sur les résultats qualitatifs, a ensuite été diffusé et a recueilli 78 réponses. L’analyse qualitative a été conduite selon le modèle du CFIR, tandis que les données quantitatives issues d’échelles de Likert ont été analysées à l’aide de statistiques descriptives et du test non paramétrique de Kruskal-Wallis. Résultats : Les analyses montrent que l’implémentation des IPA est perçue comme une réponse possible à plusieurs besoins des urgences, parmi lesquels la coordination interprofessionnelle et la continuité extra-hospitalière, le rôle de référent qualité et la participation à des projets transversaux et enfin l’amélioration de la fluidité des flux et la gestion des attentes. Les fonctions jugées plus pertinentes pour les IPA aux urgences incluent la gestion de la traumatologie simple, la prescription ciblée d’examens et l’orientation vers la médecine générale. Les freins identifiés concernent principalement la crainte d’un chevauchement des compétences, la méconnaissance du rôle et l’absence d’un cadre partagé. Malgré cela, un haut niveau d’adhésion a été observé, même chez des participants peu familiers du rôle, suggérant un fort potentiel d’acceptabilité. Conclusion : Cette étude met en évidence la pertinence d’un profil de fonction pour les IPA aux urgences belges. Elle confirme l’existence de besoins cliniques et organisationnels auxquels les IPA pourraient répondre et souligne l’importance du travail de clarification et de sensibilisation pour favoriser leur intégration. Ces résultats constituent une étape préparatoire utile pour l’implémentation future.