Efficacité des traitements antibiotiques chez les patients grands-brûlés.

Abstract

Résumé Introduction Les patients grands brûlés présentent un risque élevé d’infections nosocomiales en raison de la perte de la barrière cutanée, de l’immunosuppression et des soins invasifs nécessaire. Ces infections, notamment pulmonaire, urinaires, liées aux cathéters et aux plaies, constituent une cause majeure de morbidité et de mortalité. Les antibiotiques représentent un pilier du traitement, mais leur efficacité est limitée par l’émergence de résistance. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité des antibiothérapies chez les patients grands brûlés en Belgique francophone. Méthodologie Une étude rétrospective, observationnelle et quantitative a été menée à l’Hôpital Militaire Reine Astrid (Bruxelles). Sur 1078 dossiers recensés (de 2021 à 2023), 23 patients adultes (≥ 20 % TBSA, infection nosocomiale confirmée, antibiothérapie ciblée) ont été inclus. Les données cliniques, microbiologiques et thérapeutiques ont été extraites et analysées de manière descriptive. Le succès thérapeutique était défini par la résolution clinique et/ou microbiologique de l’infection. Résultats L’âge moyen des patients était de 56,8 ans et la surface corporelle brûlée moyenne de 37 %. Les infections les plus fréquentes étaient pulmonaires (34,8 %) et combinées (34,8 %). Les germes principaux identifiés étaient Staphylococcus aureus (17,4 %), Pseudomonas aeruginosa (17,4 %) et Candida albicans (13 %). L’antibiotique le plus prescrit était la Piperacilline/Tazobactam (34,8 %). Une monothérapie a été utilisée dans 34,8 % des cas et une combinaison dans 65,2 %. Le taux global de succès clinique de l’antibiothérapie était de 65,2 %. Aucune association statistiquement significative n’a été trouvée entre le succès thérapeutique et le type d’infection, l’antibiotique utilisé, le germe identifié, la TBSA ou la profondeur des brûlures. Discussion Bien que l’échantillon soit limité, les résultats sont cohérents avec la littérature internationale, qui rapporte des taux de succès compris entre 60 et 80%. Certaines tendances cliniquement pertinentes émergent, notamment un meilleur taux de succès pour les infections pulmonaires et un pronostic défavorable pour les infections liées aux cathéters. L’absence de significativité statistique reflète surtout la faible taille de l’échantillon et les données manquantes. Conclusion Cette étude montre que les antibiothérapies permettent un contrôle satisfaisant des infections nosocomiales chez les patients grands brulés, mais que leur efficacité reste variable selon le site infectieux et l’agent pathogène. Ces résultats soulignent l’importance d’une prévention renforcée, d’une standardisation des critères de suivi et d’une participation active aux réseaux de surveillance des résistances. Des études multicentriques, prospectives et de plus grande envergure sont nécessaires pour identifier les déterminants du succès thérapeutique et optimiser les stratégies de prise en charge.