Mémoire de fin d'études : Au-delà des ruines. Histoires et perspectives d'un concept multiple

Abstract

Ce travail interroge la figure de la ruine dans le contexte des crises écologiques, sociales et économiques contemporaines. Longtemps considérée comme un objet figé, vestige ou décor, la ruine est ici revisitée à la lumière du Chthulucène, notion développée par Donna Haraway, qui invite à penser les continuités, les enchevêtrements et l’ongoingness plutôt que les ruptures. Dans cette perspective, la ruine devient sujet : un lieu critique, porteur d’enseignements pour repenser nos manières d’habiter, nos pratiques constructives et notre rapport au territoire. La recherche s’appuie sur un travail de décloisonnement théorique entre disciplines, périodes et contextes, afin d’élargir les perspectives de ce que signifie « ruine ». De cette déconstruction émergent observations, enseignements et pistes qui permettent de (ré)ouvrir notre regard sur le territoire, de l’enrichir et de repenser nos manières de faire projet autour de quatre axes clés : comprendre le territoire comme un processus stratifié et co-construit par des agents humains et non-humains ; prendre en compte l’héritage commun dans sa matérialité et les opportunités qu’il nous lègue ; réinscrire le projet dans le temps long ; et intégrer la perturbation dans une perspective cyclique. Ces quatre axes sont mis en application dans un projet situé dans le bassin de l’Orneau, conçu comme laboratoire. Fondé sur une lecture de ce contexte à partir des enseignements de la ruine, il propose une approche régénérative attentive aux besoins du territoire, plutôt qu’une approche top-down fondée sur la table rase.