Etude de l'influence de la nouveauté et de la familiarité sur le taux de compression temporelle des souvenirs en mémoire épisodique

Abstract

La mémoire épisodique est un système mnésique unique qui stocke les événements personnellement vécus (Tulving, 1972). Une particularité des souvenirs épisodiques consiste en leur structure temporelle, qui résulte de la segmentation des événements. En effet, la mémoire épisodique ne contient pas l’expérience vécue dans son intégralité, mais la segmente en unités distinctes (Zacks et al., 2007) selon des changements perceptuels, émotionnels ou cognitifs (Jeunehomme & D’Argembeau, 2018b). La compression temporelle est une conséquence de cette segmentation : le souvenir remémoré est toujours plus court que la durée réelle de l'événement (D’Argembeau, 2022), puisqu’il s'agit d'un résumé condensé de l'expérience (Jeunehomme et al., 2017). Différents facteurs peuvent influencer ce taux de compression, comme la finesse de la segmentation (Jeunehomme & D’Argembeau, 2018b), le niveau attentionnel (Zacks et al., 2009), l'impact émotionnel (Colson et al., 2025), ou encore le type d'événement (Jeunehomme & D’Argembeau, 2018b). La manière dont la familiarité et la nouveauté influencent cette compression reste peu claire. L’objectif de ce mémoire est donc d’explorer cette influence à travers une tâche en laboratoire. Les participants ont dû regarder des vidéos jugées familières ou nouvelles, puis effectuer un rappel mental et un rappel à voix haute pour chaque événement. Les participants ont également dû émettre deux jugements quant au niveau de détail de leur souvenir, et de la facilité à se souvenir. Au vu de la littérature, nous nous attendons à ce que la familiarité impacte les taux de compression temporelle, mais sans pouvoir préciser le sens de cette influence. Nous nous attendons également à ce que les vidéos les plus compressées soient jugées comme moins riches en détails, et plus difficile à s’en souvenir. Les analyses statistiques n'ont pas permis de mettre en évidence de différence significative dans les taux de compression temporelle entre la condition de familiarité et de nouveauté. En revanche, nous avons pu montrer que les vidéos familières étaient jugées plus riches en détails, et plus facile à s’en souvenir, supposant l’idée que la familiarité n’influencerait pas directement la structure temporelle d’un événement, mais plutôt des aspects qualitatifs du souvenir, ici la quantité de détails et le sentiment de facilité à se souvenir. Cette influence serait possible notamment par l'activation de schémas de connaissances préexistants, lesquels consistent en un cadre pour un encodage optimal de nouvelles informations dans un contexte familier.