L'impact du flexi-job sur le bien-être au travail et la conciliation vie privée - vie professionnelle des enseignant(e)s du primaire et du secondaire

Abstract

Au cours de la dernière décennie, le flexi-job s’est progressivement développé en Belgique, initialement dans le secteur de l’Horeca avant de s’étendre à d’autres domaines (SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, n. d.). Ce dispositif permet à certains travailleurs d’exercer une activité complémentaire à leur emploi principal, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux (Boogaerts et al., 2023). Malgré sa popularité croissante, les connaissances sur ses effets en matière de conciliation vie privée – vie professionnelle et de bien-être au travail restent quasi inexistantes. La littérature en lien avec des concepts proches – notamment le cumul d’emplois – indique des effets contrastés : diversification des tâches et opportunités d’un côté (Campion et al., 2020; Pouliakas & Conen, 2023), stress (Sliter & Boyd, 2014; Pouliakas & Conen, 2023) et moindre conciliation vie privée – vie professionnelle de l’autre (Cabrita & Brandsma, 2020; Campion et al, 2020; Pouliakas & Conen, 2023).

L’objectif de ce mémoire était d’examiner, au sein de la population enseignante du primaire et de secondaire, si l’exercice d’un flexi-job avait une influence sur le bien-être au travail et sur la conciliation vie privée – vie professionnelle, et d’évaluer le rôle du déséquilibre efforts récompenses dans cette relation. Quatre hypothèses ont été formulées pour les enseignants qui exercent un flexi-job, comparativement à ceux qui n’en exercent pas : (1) un niveau de stimulation plus élevé, (2) un niveau de stress plus important, (3) une interférence accrue du travail sur la vie privée, et (4) un effet différencié sur le bien-être au travail et la conciliation en fonction du déséquilibre efforts–récompenses perçu.

Pour répondre à ces questions, une enquête quantitative en ligne a été menée auprès de 222 enseignants du primaire et du secondaire, exerçant ou non un flexi-job. Les participants ont complété des questionnaires validés mesurant le bien-être au travail, la conciliation vie privée – vie professionnelle et le déséquilibre efforts-récompenses. Les données ont été analysées à l’aide de tests statistiques appropriés afin d’évaluer les hypothèses.

Les résultats sont venus nuancer les attentes initiales. Seule une partie de la quatrième hypothèse a été confirmée : le déséquilibre efforts-récompenses est significativement associé au niveau de bien-être au travail et à la conciliation vie privée – vie professionnelle, indépendamment de l’exercice ou non d’un flexi-job. Ces conclusions suggèrent que l’impact du flexi-job pourrait dépendre de facteurs individuels ou contextuels et soulignent la nécessité d’explorer plus en profondeur ce phénomène encore largement méconnu.