Comment les expériences internationales en matière de monnaies numériques nationales peuvent-elles éclairer la mise en place de l'euro numérique afin de permettre à la BCE d'atteindre ses objectifs économiques et monétaires ?

Abstract

La monnaie est au cœur de notre quotidien. Depuis la nuit des temps, elle s’adapte à notre mode de vie, passant de l’échange d’objets précieux aux billets et pièces, puis, depuis ces dernières années, ce sont les paiements numériques qui se sont imposés comme la nouvelle norme. Dans cette même période, de nombreux changements ont pu être observés dans le paysage monétaire. Les économies sont devenues de plus en plus numérisées, les cryptomonnaies ont le vent en poupe, mais surtout, nos nouvelles habitudes de paiements balaient les formes classiques d’utilisation de la monnaie. L’argent liquide, qui a longtemps régné en maître dans nos transactions du quotidien, se voit tout doucement détrôné au profit des paiements électroniques. Toutes ces transformations nous amènent aujourd’hui à repenser la façon dont la monnaie est créée, détenue et utilisée.

Les fondements du système monétaire se retrouvent, eux aussi, bousculés et transformés en profondeur par l’apparition de nouvelles technologies telles que les cryptomonnaies ou les stablecoins privés qui échappent à l’autorité des banques centrales. Ces innovations ouvrent de nouvelles perspectives, mais soulèvent également un lot de questionnements et défis complexes. Et parmi toutes ces mutations, un concept attire de plus en plus l’attention : la monnaie numérique de banque centrale, CBDC. Émise directement par la banque centrale, la CBDC représente aujourd’hui l’une des innovations financières les plus marquantes mais aussi, l’une des plus débattues. Car la révolution des moyens de paiement ne concerne plus uniquement les acteurs privés, les institutions publiques s’y mettent aussi.

La CBDC peut être définie comme une version numérique de la monnaie traditionnelle, émise et garantie par l’État, à destination du grand public ou des institutions financières et contrairement aux cryptoactifs comme le Bitcoin ou les stablecoins privés, elle ne présente pas les mêmes risques de volatilité ou d’instabilité.

Depuis 2020, la Banque centrale européenne (BCE) explore activement la possibilité de développer un euro numérique. Ce projet vise à répondre à plusieurs défis majeurs : la baisse de l’utilisation du cash, la vitesse à laquelle les paiements se numérisent et la montée en puissance d’acteurs privés qui développent des alternatives aux solutions de paiement traditionnelles. L’objectif est de créer une version numérique de l’euro comme on le connaît tous actuellement. Cette monnaie serait un complément et non un remplacement de la monnaie fiduciaire, accessible à tous les citoyens de la zone euro. Cependant, sa mise en œuvre soulève de nombreuses interrogations que ce soit d’un point de vue technique, juridique, social ou encore économique : Quels objectifs doit-il poursuivre ? Quelles seront les implications économiques et sociales ? Et surtout, quelles leçons pouvons-nous tirer des expériences déjà menées à l’international ?