Sourcing global vs sourcing local : un dilemme stratégique pour la chaîne d'approvisionnement post-crise

Abstract

Ce mémoire s’intéresse au dilemme stratégique entre le sourcing global et le sourcing local, un enjeu pour les entreprises confrontées à des crises économiques, sanitaires et géopolitiques successives. Ces événements ont révélé la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondialisées et obligé les organisations à repenser leurs stratégies d’achats. Historiquement, le sourcing global s’est imposé comme un levier de performance en permettant de réduire les coûts, d’accéder à des technologies innovantes et de diversifier les sources d’approvisionnement. Toutefois, ce modèle comporte d’importants risques liés à la dépendance ou à l’instabilité vis-à-vis de zones géographiques spécifiques et à la complexité logistique. À l’inverse, le sourcing local favorise la proximité et la maîtrise des risques, mais il reste souvent associé à des coûts plus élevés et à une offre limitée. L’objectif de cette recherche est d’analyser en profondeur les avantages, les limites et les arbitrages entre ces deux modèles tout en proposant un cadre d’aide à la décision permettant aux entreprises d’adapter leurs stratégies d’approvisionnement dans un contexte d’incertitude. Pour ce faire, le travail s’appuie sur une revue de littérature approfondie et sur une étude empirique reposant sur une méthodologie mixte combinant une enquête quantitative, des entretiens qualitatifs semi-directifs et une étude de cas. Cette approche triangulée permet de croiser les perceptions des acteurs, les pratiques managériales et les enseignements issus de la recherche académique. Les résultats obtenus mettent en évidence une évolution des priorités dans la fonction achats. Les entreprises ne perçoivent plus le sourcing global et le sourcing local comme des modèles antagonistes, mais comme des leviers complémentaires à articuler selon le contexte et la criticité des produits. Les stratégies hybrides apparaissent comme la réponse la plus pertinente, car elles associent les atouts du global, qui favorise la compétitivité et l’innovation, à ceux du local, qui renforce la réactivité et la visibilité. Toutefois, leur mise en œuvre exige une gouvernance renforcée, une gestion fine des risques, une coopération avec les fournisseurs et un pilotage par la donnée intégrant le coût total de possession (TCO) et les indicateurs ESG. Sur le plan managérial, ce mémoire propose un cadre analytique permettant de guider les décideurs dans leurs arbitrages entre global et local. Il souligne le rôle des achats dans la création de valeur durable et leur capacité à transformer la relation client-fournisseur en un partenariat stratégique fondé sur la transparence, la confiance et la performance responsable. Sur le plan académique, il enrichit la littérature en adoptant une approche intégrée du dilemme global/local, tenant compte à la fois des impératifs économiques, des exigences de durabilité et des leçons tirées des crises récentes. En conclusion, la fonction achats n’est plus un simple instrument de réduction des coûts : elle devient un levier de transformation stratégique, garant de la continuité et de la durabilité des organisations. L’avenir des chaînes d’approvisionnement réside dans leur capacité à concilier efficacité économique, résilience opérationnelle et responsabilité sociétale à travers des stratégies de sourcing hybrides et adaptatives.