Suivi environnemental de la ceinture verte de Makira, Madagascar, par télédétection : évaluation des changements d'occupation du sol et de l'efficacité de la gestion contractualisée des forêts

Abstract

Le transfert de gestion des ressources naturelles aux communautés locales (TGRN) occupe une place prépondérante dans le paysage de la conservation à Madagascar. Il est considéré comme une réponse aux difficultés liées à l’enclavement et à l’envergure des zones à protéger. Pour l'Aire Protégée (AP) Makira, en plus de son intégration dans le Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM), le TGRN associé au financement carbone constituent les fondements de la pérennisation de sa conservation. L’objectif étant d’évaluer la performance du TGRN à maîtriser la déforestation, le travail a porté sur l’étude de l’évolution de la quantité et de la vitalité de la couverture végétale par la dynamique des valeurs de l’indice de végétation NDVI des années 2005 et 2017 ainsi que sur l’analyse des changements d’occupation du sol au niveau de la ceinture verte de l’AP Makira. La réalisation de ce suivi environnemental s’est basée principalement sur la télédétection. Les résultats ont permis de mettre en exergue l’incapacité des sites de TGRN mis en place, à stabiliser les pressions anthropiques et à maitriser les migrations et les activités illicites. La zone d’étude est marquée par la perte en biodiversité et la libération de CO2 liées aux changements d’affectation des terres. 42.50% de la superficie de sa forêt dense est perdue en douze ans. Son taux de déforestation annuel moyen, de 3.54%, dépasse largement la moyenne nationale pour le biome des forêts humides de l’Est de même altitude. Les activités économiques et les installations humaines ont triplé leur surface. Aucune différence significative n’a pu être relevée en termes de maîtrise des pressions entre sites sous contrats de TGRN et ceux sans contrats. Il ressort que le niveau des pressions n’est pas lié au statut de gestion des sites mais à leur attractivité économique et à leur accessibilité. Les analyses soulignent par ailleurs le caractère illicite d’une grande partie de ces installations et activités modifiant significativement le paysage. La revue de la TGRN est de ce fait capitale car sa non effectivité menace la biodiversité et le maintien des services écosystemiques.

The Malagasy environmental policy mainly relies on the Community Based Natural Resource Management, known as TGRN, to cope with the challenges of remote isolated and large size areas to be protected. The TGRN and carbon financing are considered for the Makira Natural Park in addition to its Protected Areas (PA) status in order to guarantee a long term sustainability of its conservation. The purpose of this study is to assess the effectiveness of the TGRN in Makira at reducing deforestation. The vegetation cover and vitality changes between 2005 and 2017 are analyzed using NDVI index. Besides, the land use change within the green belt is analyzed. This environmental monitoring was mainly based on remote sensing. The results highlight the failure of the established TGRN sites to stabilize anthropogenic pressures and to decrease illegal activities and migration. The study area is characterized by biodiversity loss and CO2 emission due to land-use changes. With 42.50% of dense forests lost in twelve years, the average annual deforestation rate of 3.54% is well above the national level for similar wetland forests biomes. Indeed, economic activities and human settlements have tripled their size. No significant difference could be noted in terms of deforestation reduction between sites under and without TGRN contract. It appears then that the level of pressure is not linked to the site management status but to their economic attractiveness and accessibility. The review of the TGRN concept is therefore crucial as its ineffectiveness threatens both biodiversity and ecosystem services.