Comment s'organise la gestion d'une espèce exotique envahissante en Wallonie? Analyse du cas du raton laveur à travers le prisme des modalités d'existence

Abstract

Par le présent travail, nous tentons de comprendre comment s’organise la gestion d’une espèce exotique envahissante. Les recherches se pencheront sur un cas particulier qui est celui du raton laveur en Wallonie, espèce intéressante au vu de ses multiples facettes et de son histoire très liée à celle de l’homme. En effet, le raton laveur fut importé d’Amérique en Europe notamment pour sa fourrure. Il est à présent désigné comme espèce exotique envahissante par le règlement européen (UE) 1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, ce qui implique la mise en place d’un plan de gestion à son sujet. Les questionnements tourneront un temps autour du statut d’espèce exotique envahissante, ainsi que sur les notions sur lesquels il est articulé (l’invasion biologique notamment). Ceux-ci font débat et sont en phase d’évolution. Puis, la thématique du raton laveur en tant que tel sera abordée. Ceci se fera à travers la description de ses origines, de son histoire, du contexte règlementaire qui intervient, des impacts sur l’écosystème et des nuisances pour l’homme dont il est accusé et qui légitime l’intervention, ainsi que du plan de gestion envisagé pour le réguler… L’idée est ici de présenter la situation du raton laveur à travers le prisme des modalités d’existence, de la toile de vie, selon le vocabulaire vu au cours de pratiques de gestion de la biodiversité. Ainsi, nous pourrons découvrir la trajectoire du raton laveur parsemée de bifurcations, d’ajustements, de dissonances, de silences. Nous aurons aussi la possibilité d’aborder les styles (des pièges notamment), l’esthétique (de l’animal)… tous ces concepts permettant d’analyser la situation selon un point de vue différent de celui de la simple gestion, des classifications ou des représentations. Cette notion de modalité d’existence, inspirée de Souriau, revue par B. Latour et I. Stengers (Latour, 2009; Souriau et al., 2009), permet de parler des différentes manières d’être, et ce, à travers les relations instituées entre les différents acteurs en présence : humains et non-humains. Cette approche particulièrement adaptée aux questions environnementales nous guidera tout au long de l’enquête.