La GRH et la professionnalisation des bénévoles : quand l'engagement devient travail ?

Abstract

Le secteur associatif a aujourd’hui de plus en plus de poids dans l’économie belge. Il permet d’apporter des solutions novatrices aux problèmes de société et favorise le changement social (Marée et al., 2008 ). A l’heure actuelle, le contexte aussi bien interne qu’externe encourage les associations à se professionnaliser et à s’aligner sur le modèle de l’entreprise et du salariat. Elles ont également une spécificité : elles peuvent mobiliser un type particulier de ressources humaines ; les bénévoles. Ceux-ci choisissent volontairement de donner de leur temps pour aider les associations à mener à bien leurs activités. Dans l’idée que ces bénévoles font partie intégrante du personnel de ces associations et qu’il faut rationnaliser leurs interventions, une gestion des ressources humaines (GRH) adaptée à ce profil spécifique a commencé à voir le jour. Si certaines d’entre elles rationnalisent leur fonctionnement, nous pouvons nous interroger sur l’existence d’une professionnalisation de la GRH destinée aux bénévoles. Mais est-ce pertinent de parler de GRH, de gestion de l’homme au travail, alors que le bénévolat est traditionnellement le lieu de l’engagement et de la solidarité ? Dans le même temps, apparaît aujourd’hui une nouvelle question qui est celle de la « professionnalisation des bénévoles ». Rarement explicitement défini, ce terme devient de plus en plus fréquent et est présenté comme un enjeu pour les associations. En bref, il désigne le fait pour les associations de rechercher des bénévoles disposants de compétences techniques et non plus seulement « humaines ». Cela désigne également la possibilité, pour ces associations, de mettre en place des formations et une gestion des compétences qui permettraient aux bénévoles de développer des compétences techniques, « professionnelles ». L’objectif est donc qu’ils gagnent en efficacité et que leur intervention au sein de l’association soit de plus grande qualité. Par ce mémoire, nous avons précisément voulu questionner ce terme de « professionnalisation des bénévoles », découvrir s’il constituait une chimère ou une transformation réelle dans les associations. La GRH qui est propre au monde de l’entreprise et du salariat peut-elle s’appliquer aux bénévoles ? La professionnalisation, qui parle de compétences et d’efficacité, peut-elle s’appliquer au bénévolat, là où avant étaient privilégiés l’engagement, la militance et la solidarité (Dugardin, 2013a : 5) ? Pour faire la jonction entre GRH et professionnalisation, nous nous sommes orientée vers un domaine spécifique de la sociologie : la sociologie du travail. Pour certains de ses auteurs, comme Ughetto & Combes (2010) ou Simonet (2004 ; 2010), le bénévolat, sous certaines conditions, se rapproche nettement d’un travail. Et justement, parler de « GRH » et de « professionnalisation » des bénévoles n’est-il pas une tendance ou une tentative de rapprocher le bénévolat d’un travail ? C’est pourquoi notre question de recherche s’intitule : « la GRH et la professionnalisation des bénévoles : quand l’engagement devient travail ? ». Nous confronterons nos recherches théoriques à l’analyse de deux terrains empiriques, Autre Terre et le Resto du Cœur de Liège.