Étude longitudinale de l'efficacité d'une intervention de lecture partagée interactive menée en milieu scolaire avec des enfants de maternelle entrés en première primaire

Abstract

La maitrise de compétences acquises dans les premières années de la vie prédit le niveau d’acquisition du langage écrit ultérieur. Ces compétences relèvent, entre autre, du vocabulaire, de la conscience de l’écrit et de la conscience phonologique. Cependant, certains enfants sont susceptibles de présenter des compétences inférieures à leurs pairs dans l’un ou plusieurs de ces domaines. Une intervention de lecture partagée interactive pourrait réduire la variation des compétences précoces entre les jeunes enfants. Avec l’objectif de répliquer l’étude de Lefebvre et al. (2011) dans le contexte de la Belgique francophone, une intervention de lecture partagée interactive a été menée par l’Université de Liège auprès d’enfants fréquentant la deuxième et la troisième maternelle. Cette intervention s’intégrait dans un projet global, le « Projet Vieille-Montagne », dans lequel trois interventions ont été menées simultanément (« lecture », « mathématiques » et « psychomotricité »), sur trois groupes d’enfants. Les séances d’intervention ont eu lieu quotidiennement durant dix semaines. En ce qui concerne notre intervention expérimentale, des stratégies spécifiques d’interaction étaient utilisées par l’adulte lors des lectures d’histoires. Nous nous demandons quels sont les effets d’une telle intervention sur les compétences des enfants, à court et long termes. À court terme, l’évolution des performances des enfants du groupe « lecture » se révèle meilleure pour seulement deux épreuves évaluant les prérequis du langage écrit (sur 14) par rapport aux autres groupes. Les compétences acquises par le groupe « lecture » se maintiennent dans le temps mais aucune efficacité différée n’est observée ni au niveau des autres mesures évaluant les prérequis au langage écrit ni au niveau de l’apprentissage du langage écrit. La relation entre ces deux types de compétences se révèle cependant significative. De nombreuses limites apparaissent dans notre étude (ex. faible effectif, hétérogénéité des caractéristiques des enfants, conditions d’évaluation défavorables à l’obtention de résultats reflétant les réelles compétences des enfants, manque de collaboration entre les acteurs). Ces limitent nous obligent à considérer les résultats obtenus avec précaution. Répliquer le projet en réduisant ces limites apparait nécessaire.