Quelles sont les croyances de Monsieur et Madame-tout-le-monde au sujet du redoublement ?

Abstract

Les études quasi-expérimentales s’accordent à dénoncer le redoublement comme une pratique néfaste qui n’engendre pas les effets cognitifs escomptés puisque les résultats de la recherche montrent que l’élève qui redouble s’améliore moins que celui promu qui avait le même niveau de capacités de départ (Baye & al., 2014 ; Crahay, 2007). De plus, le redoublement est une mesure qui provoque des méfaits sur le développement socio-affectif de l’élève (Dutrévis & Crahay, 2016). Par ailleurs, des études en sciences de l’éducation s’appliquent à mettre en lumière les croyances des enseignants au sujet du redoublement montrant qu’une majorité d’entre eux y croient, parfois même en dépit des résultats de recherche connus (Daeppen, 2007 ; Goffin & al., 2013 ; Marcoux & Crahay, 2008). Il existe donc une opposition d’opinion entre chercheurs et enseignants, ces derniers reprochant souvent aux premiers de manquer de proximité avec le terrain pour observer objectivement les bienfaits du redoublement (Goffin et al., 2013). Alors que la progression automatique fait ses preuves, notamment dans les pays nordiques, la Belgique semble ancrée dans une culture ou le redoublement est souvent la réponse aux difficultés d’apprentissage. Plus largement, la problématique du redoublement s’inscrirait dans une perspective sociétale. C’est la raison pour laquelle nous nous demandons si elle ne devrait pas être traitée au sein de la communauté toute entière. C’est pourquoi, nous avons mené un travail qui cherche à savoir : « Quelles sont les croyances de Monsieur/Madame-tout-le-monde au sujet du redoublement ? ». Afin de répondre à cette question, nous avons, pour commencer, mené des entretiens téléphoniques auprès de cent personnes de la région liégeoise. Ensuite, sur base de profils préétablis, nous avons sélectionné des personnes faisant partie de notre échantillon de départ et nous avons réalisé des entretiens qualitatifs pour mieux comprendre les croyances initiales des personnes interrogées en fonction de leurs arguments.