Comment fabrique-t-on un bon assistant social ? Analyse exploratoire du processus de professionnalisation chez les assistants sociaux

Abstract

Dans une société complexe produisant de plus en plus de dualisation et d’exclusion, « le travail de l’assistant social se caractérise par le double exercice de la solidarité et du contrôle social, à la fois passeur et garde-frontière. C’est ce qui en fait toute la tension » (Franssen A., 2003). Il est important pour l’assistant social de prendre la mesure, de comprendre les enjeux de cette tension pour qu’il en devienne acteur. Nous trouvons des assistants sociaux dans des domaines diversifiés du secteur non-marchand. Notre pratique en centre PMS nous a permis de rencontrer des collègues travailleurs sociaux de tout âge. Entre étonnement, frustration et colère dans la gestion de certaines situations, nous nous sommes interrogés sur les éléments qui sous-tendent la pratique de ces travailleurs sociaux et leur posture professionnelle. Par ailleurs, notre formation en Sciences de l’Education a éveillé notre curiosité concernant notamment les processus d’apprentissage et le transfert des savoirs au niveau du terrain professionnel. La question de départ du présent travail interroge la relation entre la formation et le processus de professionnalisation chez les assistants sociaux : « comment expliquer la variabilité du processus de professionnalisation chez les assistants sociaux en CPMS à Liège ? ». L’objectif de notre recherche vise à identifier les éléments prégnants dans le processus de professionnalisation des assistants sociaux. Nous formulerons l’hypothèse que la qualité e la démarche réflexive impacte le processus de professionnalisation. Ce processus de professionnalisation est constitué de deux composantes. Il comprend le transfert de savoirs et la dynamique identitaire. Le transfert de savoirs réside d’une part, dans l’appropriation des savoirs théoriques ainsi que leur utilisation dans la pratique professionnelle et d’autre part, dans la démarche réflexive. Cette dernière est notamment définie par Schön (1983) et Piaget (1977) comme « une abstraction réfléchissante » faisant allusion à un individu qui se « réfléchit » dans un miroir. Quant à la dynamique identitaire, nous nous intéresserons à son caractère évolutif. En effet, Kaddouri (2007) remarque qu’il ne faut pas appréhender l’identité comme un état stable, une image figée : ce n’est pas « la somme juxtaposée ou le résultat cumulatif de l’ensemble des expériences d’une vie ».