Le passage à l'acte délinquant dans la clinique de l'exil - L'agir violent comme acte de restauration ou comme acte de rupture ?

Abstract

Dans ce travail, nous souhaitions observer le passage à l'acte délinquant chez des personnes concernées par la clinique de l'exil. Notre objectif était d'étudier les liens possibles entre une traversée traumatique, le vécu d'étrangeté, et la décharge d'agressivité sur un tiers. La clinique de l'exil est un nouveau champ de recherche. Elle est aussi appelée clinique de l'errance (Lussier) au Canada, ou clinique de la transplantation (Benslama) au Maghreb. Nous avons découvert d’autres modèles en relation tel que la clinique de la mondialisation (Derivois). Ces modèles sont en voie d'exploration un peu partout en Europe, au Maghreb et au Canada. C'est une population de 6 sujets concernés par un vécu migratoire, et reconnus pour avoir commis des faits de délinquances que nous avons interrogés, qui concernent à la fois des vols, des agressions sur un tiers, et des faits de toxicomanie. Cette recherche s'appuie essentiellement sur l’articulation entre le récit de vie et le test projectif TAT, qui a permis de mettre en lumière des mécanismes de défense particuliers ainsi que la trajectoire des pulsions. L'exploitation de ces deux outils a permis de répondre à une série d'interrogations inhérentes au sujet : Quelle influence l’exil a-t-il sur le processus de subjectivation et les liens interpersonnels ? Quelles représentations les délinquants ont-ils de leur passage à l’acte et de leur trajectoire ? Quels sont les processus psychiques qui les ont amenés à agir ? A ne pas agir ? A quels conflits intrapsychiques correspondent les agirs délinquants ? Les thématiques qui ont été observées sont la perte de territoire, les besoins en relation, le vécu dans le pays d'accueil, les ruptures familiales, relationnelles, et d'affiliation.