Lien entre la dysphasie et le raisonnement analogique

Abstract

Résumé: La dysphasie est un trouble spécifique, sévère et persistant du développement du langage oral. Elle se marque par des troubles sévères du langage oral qui vont en général s’aggraver et que le traitement peut atténuer mais pas faire disparaître (Schelstraete, 2011 ; Parisse, & Maillart, 2004). Le raisonnement analogique est une capacité cognitive qui va petit à petit se développer à mesure que l’enfant grandit. Cette capacité cognitive consiste à comprendre et à générer des relations entre des objets ou des situations présents dans l’environnement (Gentner, 1988 & Goswami, 1992). La réalisation d’analogies va permettre une abstraction progressive des différentes formes linguistiques présentées à l’enfant. Les enfants créent ainsi de nouveaux énoncés sur base des constructions abstraites qu’ils ont pu extraire des formes concrètes qu’ils rencontrent, et ce en réalisant des analogies entre les énoncés (Bybee, 1995 ; Bybee & Slobin, 1982 ; Tomasello, 2003). Le langage influence également le raisonnement analogique. Cependant, les données de la littérature sont moins fournies quant à l’influence du langage sur le raisonnement analogique. Par conséquent, nous investiguons le lien entre le langage et le raisonnement analogique. Mais plus particulièrement que des difficultés de langage, telles que la dysphasie, peuvent induire des difficultés de raisonnement analogique. Pour ce faire, nous avons évalué des enfants dysphasiques et comparé leurs résultats à ceux d’enfants non-dysphasiques de même âge chronologique ou de même âge linguistique. Nous avons également structuré la tâche expérimentale en trois conditions différentes : une tâche analogique simple, une tâche analogique avec interférence langagière et une tâche analogique avec interférence motrice. On constate que les enfants dysphasiques possèdent des compétences de raisonnement analogique similaires aux enfants de même âge linguistique, contrairement aux enfants de même âge chronologique qui possèdent des compétences supérieures. On constate également que les enfants dysphasiques présentent des difficultés plus importantes à mesure que le nombre de distracteurs augmente. Cependant, nos résultats ne mettent pas en évidence un effet de la suppression articulatoire. Par conséquent, nous n’avons pu mettre en évidence une réelle influence du langage sur le développement du raisonnement analogique.