Plesiosaurus dewalquii et la radiation des plésiosaures à la limite Trias-Jurassique.

Abstract

Les plésiosaures (ordre Plesiosauria) forment un clade d’amniotes adaptés au milieu pélagique grâce à leur plan corporel unique dans l’histoire des vertébrés marins. Ils représentent, avec les ichthyosaures et les tortues marines, une des trois principales radiations de tétrapodes non-mammaliens adaptés secondairement au milieu marin ouvert. Bien que différentes études phylogénétiques suggèrent que leur radiation s’est effectuée durant le renouvellement faunique triassique, les preuves matérielles de leur existence s’étendent principalement de la base du Jurassique à la fin du Crétacé. Les conditions de leur radiation sont mal connues à cause du manque de matériel triassique et de la mauvaise résolution phylogénétique des taxons du Jurassique inférieur. Le premier volet de ce travail consiste en la description morphologique d’une série d’ossements de sauroptérygiens (le groupe contenant les plésiosaures) s’échelonnant du Trias terminal au Jurassique inférieur. Le spécimen le plus important de cette étude est l’holotype [Ulg.PA.2017-07-31-1] de « Plesiosaurus » dewalquii Van Beneden 1871, un énigmatique plésiosaure originaire du Jurassique inférieur de la Lorraine belge. Après avoir démontré que ce spécimen sub-adulte ne faisait pas partie du genre Plesiosaurus, il a été reclassifié parmi Rhomaleosauridae. Il s’agit d’une espèce valide car elle est diagnostiquée par une combinaison unique de cinq caractères. Un nouveau nom de genre doit être proposé. Parallèlement, deux espèces (« Plesiosaurus » costatus et « Plesiosaurus » bibractensis) issues du Rhétien de la région d’Autun sont invalidées par manque d’éléments diagnostiques ; ce matériel est reclassé parmi Pistosauria indet. ou Plesiosauria indet. Un propodial auparavant classé parmi le nomen dubium Rachitrema pellati est également considéré ici comme Plesiosauria indet. Le deuxième volet de ce travail se concentre sur la phylogénie et les méthodes de calibration temporelle, afin préciser le tempo de la radiation des plésiosaures. A cette fin, « Plesiosaurus » dewalquii a été incorporé avec deux nouveaux taxons (Thaumatodracon wiedenrothi et Rhaeticosaurus mertensi) dans une matrice phylogénétique de grande ampleur. L’analyse de cette matrice a été réalisée en parcimonie maximum et confirme que « Plesiosaurus » dewalquii est un rhomaleosauridé basal. Trois techniques calibrations temporelle a posteriori (Basic, Equal et Cal³) ont été testées et comparées à l’aide du logiciel R. La méthode Basic n’est pas utile dans le cas de l’étude des vertébrés car la faible quantité de fossiles induit un écrasement généralisé des noeuds. La méthode Equal, fréquemment utilisée, est dépendante de la position stratigraphique des membres de l’outgroup et n’est que peu informative pour l’étude des plésiosaures. La méthode stochastique Cal³ est prometteuse, mais induit également un écrasement temporel des noeuds. Quoi qu’il en soit, enregistrement fossile et analyses phylogénétiques s’accordent sur le fait que la radiation des plésiosaures a commencé avant l’extinction de masse du Trias terminal.