Évaluation de la pertinence de la procédure de prise en charge des arrêts cardiaques réfractaires intra- et extrahospitaliers du Centre hospitalier universitaire de Liège et du Centre régional de la Citadelle

Abstract

Introduction : Bien que la réanimation cardiopulmonaire classique (RCP) ait amélioré la gestion de l’arrêt cardiaque, sa forte mortalité et sa morbidité demeurent un défi majeur pour la Santé publique. L’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) veino-artérielle est un nouveau lien prometteur dans la chaîne de survie de ces patients en arrêt cardiaque réfractaire (ECPR), tant en extrahospitalier qu’en intrahospitalier, à condition que les candidats soient sélectionnés correctement. Les réanimateurs responsables du CHU et du CHR de Liège ont élaboré un protocole commun reprenant huit critères à considérer pour mettre ou non une ECMO (réanimation cardiopulmonaire extracorporelle ou ECPR). Ce mémoire s’attache à évaluer la pertinence de la procédure.

Matériel et méthodes : Cette étude observationnelle, bicentrique, à la fois prospective et rétrospective a analysé 63 candidats à l’ECPR avant et après la mise en place du protocole entre mai 2015 et mai 2018.

Résultats : Les tests mettent en évidence que la décision de mettre une ECMO aux 52 patients en arrêt cardiaque réfractaire soumis au protocole est significativement impactée, (p<0.05), par huit variables à savoir la durée du no flow et du low flow, le rythme initial chocable, l’EtCO2 initial, l’appel à l’équipe, la présence d’antécédent(s) d’infarctus du myocarde, l’excès de base, le taux de lactactes. Toutefois, la mise en œuvre sur le terrain des huit critères simultanément n’est pas effective. Au-delà des situations extrêmes, les patients n’ayant pas bénéficié d’une ECPR rencontraient le plus fréquemment trois critères, alors que ceux qui en ont bénéficié ont rencontré au-moins quatre voire jusqu’à six critères, pour ceux qui ont survécu. En outre, le protocole rencontre son objectif d’outil d’aide au diagnostic. En effet, un test de sensibilité/spécificité appliqué aux quatre critères principaux à savoir le no flow, le low flow, le rythme initial chocable et l’EtCO2 présente une spécificité de 100%. La prise de décision de l’équipe devrait donc être essentiellement basée sur ceux-ci. Finalement, l’application du protocole aux candidats à l’ECPR depuis mai 2016 remplit son rôle de maillon dans la chaîne de survie, malgré les limites des analyses, car le taux de survie des patients soumis au protocole et ayant bénéficié d’une ECLS est de 38 % (N=9/24) contre 9 % (N=1/11) avant sa mise en place.