Apprentissage de l’anamnèse aux urgences : une étude randomisée contrôlée

Abstract

Problématique : Lors de l’arrivée d’un patient dans le service des urgences, une anamnèse est réalisée. Elle contient 80 % des informations récoltées dans la découverte du diagnostic si elle se trouve complète. Malheureusement, dans un service de haute technicité et d’évolution rapide comme les urgences, l’augmentation de la demande des soins de santé, le vieillissement de la population, la charge et les conditions de travail parfois non-optimales, la diminution du personnel de santé, la pénurie de médecin entrainent notamment de la fatigue, de l’épuisement professionnel, une difficulté de gestion des émotions et bien d’autres conséquences pouvant engendrer des effets indésirables nuisant au patient. Dans cette perspective, la formation des futurs professionnels de la santé doit être développée, notamment dans la réalisation de l’anamnèse aux urgences. De plus, la diminution de la durée des études de médecine de 7 à 6 ans par le décret Marcourt (à la suite des recommandations européennes) réduit le temps de formation en stage. Il semble donc primordial de fournir un enseignement de qualité, adapté à l’acquisition de nouvelles compétences. L’objectif de l’étude présentée dans ce travail est de mesurer l’impact d’un enseignement par simulation et par e-learning en comparaison avec un enseignement clinique traditionnel par immersion en stage.

Matériel et méthode : Un échantillon de 61 étudiants en 2e, 3e et 4e master en médecine à l’ULg a participé à l’étude. Ils ont été divisés en deux groupes : un groupe expérimental bénéficiant d’une formation par simulation, d’un e-learning et d’un enseignement clinique traditionnel et un groupe contrôle formé via un enseignement clinique traditionnel. Au premier temps de l’étude (pré-test), l’échantillon a été évalué lors d’un scénario avec patient standardisé ayant pour thème la réalisation d’une anamnèse aux urgences. Les étudiants ont également été amenés à remplir un questionnaire socio-démographique, d’auto-efficacité, de maitrise globale et de stress ressenti. Après randomisation, un post-test a été réalisé suivant les mêmes règles que le pré-test. L’évolution des deux groupes a été observée entre les deux temps d’évaluation (T0 et T1) puis comparée entre les groupes.

Résultats : Les résultats ont démontré que la simulation est une plus-value. Elle améliore significativement l’acquisition de compétences en ce qui concerne la réalisation de l’anamnèse aux urgences, par rapport à l’enseignement clinique traditionnel. Les deux formations ont démontré une amélioration du niveau de stress, du sentiment d’auto-efficacité et de maitrise de la tâche. Cependant, aucune différence statistique n’a été démontrée entre les deux groupes.

Conclusion : Une formation par simulation a permis une amélioration des compétences de réalisation de l’anamnèse aux urgences des étudiants médecins. Afin de prouver la rétention des acquis en ce qui concerne les compétences, les connaissances et les attitudes et afin de trouver un équilibre concernant le design de formation, des recherches et études doivent encore être réalisées. Le but de cette pédagogie éducative est de permettre le transfert des apprentissages à la clinique du terrain.