Etude de la production de sons chez Scorpaena spp.: caractérisation acoustique et morphologique

Abstract

Jusqu’à aujourd’hui l’étude de la production de sons chez les téléostéens a permis d’identifier plus de 1000 espèces appartenant à 109 familles comme capables de produire du son dans un contexte de communication. Cependant pour la majorité des sons l’émetteur reste encore à être identifié. C’est le cas du son /Kwa/, qui représente l’un des sons les plus abondant sur les herbiers de posidonies de Méditerranée et dont l’émetteur reste d’origine inconnue. L’objectif principal de ce travail est de déterminer si les rascasses Scorpaena spp. sont à l’origine de ce son. Dans un second temps il s’agira de déterminer si des structures permettant la production de sons peuvent être mises à jour chez Scorpaena spp. et d’en comprendre le mécanisme. Deux espèces, Scorpaena porcus et Scorpaena scrofa ont été enregistrées dans deux aquariums immergés dans le port de STARESO. L’analyse des enregistrements a permis d’identifier onze sons provenant de l’intérieur des aquariums, émis par les rascasses. Une seconde expérience couplée à une caméra a permis d’observer la production de sons associés avec un comportement de posture latéral (lateral display) chez S. porcus. Si S. porcus au moins produit du son, les dissections effectuées sur douze individus ont permis de mettre à jour chez les quatre espèces (S. porcus, S. scrofa, S. notata et S. maderensis) une structure similaire, ne présentant pas de dimorphisme sexuel, suggérant que chaque espèce devrait être capables d’émettre des sons. Cette structure originale est composée de trois faisceaux musculaires de part et d’autre de la colonne vertébrale et prolongée par des tendons venant s’insérer sur les hémépines des processus vertébraux. Le nombre de tendons ainsi que la variation dans la contraction des faisceaux pourrait être responsable de la grande variabilité des caractéristiques acoustiques de ce son. Des prélèvements histologiques de la musculature dite « sonique » et de la musculature épaxiale ont permis d’observer l’espace occupé par les myofibrilles dans les fibres, soit 58% chez les fibres soniques contre 95% dans les fibres épaxiales. L’expérience d’électrostimulation réalisée sur un individu montre chez les muscles épaxiaux une réponse désordonnée alors que la musculature sonique répond aux stimuli avec des pulsations cycliques. L’analyse des caractéristiques acoustiques le long d’une échelle géographique (Majorque – Calvi – Crête) a permis d’exposer la grande variabilité du /Kwa/ et de faire le lien entre les caractéristiques acoustique et le mécanisme de production de son mis à jour chez les rascasses.