Vécu d'humiliation et délinquance, quelles influences des héritages familiaux ?

Abstract

Introduction. L’humiliation et la peur de l’humiliation font partie intégrante de notre vie. Cela nous amène à nous questionner au sujet de l’influence d’une telle expérience sur l’être et le devenir d’adolescents ayant commis des faits qualifiés infraction. Quel est l’impact des héritages familiaux sur l’engagement délinquant d’un adolescent et un vécu d’humiliation ? Objectifs. Les objectifs de cette étude sont de mettre en lumière un vécu d’humiliation chez les adolescents dits délinquant et d’évaluer dans quelle mesure les héritages familiaux ont influencé à la fois son engagement délinquant et le potentiel vécu d’humiliation dont question. Méthodologie. Notre échantillon est composé de 10 adolescents placés au sein de l’I.P.P.J de Fraipont. Ces derniers sont âgés entre 16 et 19 ans. Nous avons procédé à la passation d’un entretien semi-structuré lors duquel nous avons notamment construit avec le jeune un génogramme. Le sujet a aussi été sollicité pour réaliser un dessin de sa famille et compléter la carte du réseau social. Finalement, nous avons soumis à chaque adolescent trois tests d’automesure : une échelle de comportements délinquants, un inventaire d’humiliation ainsi qu’une échelle de résilience. Nous avons procédé à l’analyse individuelle de chaque entretien pour ensuite réaliser une analyse transversale en relevant les éléments saillants émergent des discours. Résultats. Concernant notre thème, nous avons pu relever une diversité de types de comportements délinquants chez les adolescents composant notre échantillon. Nous n’avons cependant pas mis en lumière d’héritages conscientisés dans le chef des jeunes, tant du point de vue de l’humiliation que de la délinquance. Cela ne signifie pas qu’il n’y en a pas, des héritages peuvent être silencieux et inconscients. L’humiliation qui a cependant été soulevée à bon nombre de reprises est liée à la mesure protectionnelle et au placement. Les adolescents ont verbalisé des vécus de honte tant de leur point de vue que de celui de leurs parents qui sont souvent tenus pour responsables de la délinquance de leur fils. Conclusion. D’autres perspectives d’étude ont émergé dans notre esprit à l’écoute du discours des jeunes de notre échantillon. En effet, il nous parait intéressant d’évaluer l’impact de la réaction des parents concernant la mesure protectionnelle sur la désistance du jeune et son devenir. Une autre perspective nous semblant pertinente et peu investiguée serait de donner la parole aux parents. L’optique serait de pouvoir les entendre au sujet de leur vécu par rapport à la délinquance de leur enfant mais également de considérer l’impact que les différentes mesures judiciaires prises envers leur enfant ont eu sur leur famille.