Développement et validation d’une batterie d’évaluation de l’Aphasie Primaire Progressive

Abstract

Nous nous sommes intéressés de près à l’Aphasie Primaire Progressive (APP). Cette affection fait partie de la famille des maladies neurodégénératives. Plus précisément, Rogalski et al. (2011) définissent l’APP comme « une démence caractérisée par une atteinte progressive des fonctions langagières tandis que les autres fonctions cognitives restent relativement préservées initialement » (p. 1). Cette démence présente trois sous-types reconnus, ceux-ci différent quant à leurs manifestations cliniques, neuro-anatomiques et physiologiques. A l’heure actuelle, il n’existe aucune batterie d’évaluation francophone publiée de l’APP. Or, de nombreux auteurs relèvent un manque d’uniformisation dans l’évaluation et le diagnostic de cette maladie. Par ailleurs, les cliniciens se retrouvent souvent désarmés face à ce type de démence méconnue. Dès lors, notre volonté a été de construire une batterie d’évaluation complète offrant la possibilité de poser un diagnostic différentiel entre les sous-types. Concrètement, le développement de cette batterie d’évaluation a nécessité la création d’un protocole d’évaluation adapté composé d’épreuves de première et seconde lignes, un ajustement et une normalisation auprès d’un panel de quarante sujets des tâches le nécessitant ainsi que la création d’un tableau d’aiguillage clair guidant le clinicien au travers des épreuves selon le profil du patient. Une fois la batterie construite, nous l’avons éprouvée auprès de cinq cas cliniques suspectés de présenter une APP. Bien que notre batterie d’évaluation présente des points à améliorer, elle s’est montrée suffisamment sensible pour discriminer les patients souffrant d’APP et déterminer le sous-type présenté. De plus, les conclusions tirées à l’aide de celle-ci ont été largement soutenues par les données d’imagerie cérébrale. Notre batterie, par la sophistication de l’évaluation langagière dans l’APP, facilite l’étape diagnostique. Idéalement, un diagnostic précis permettra d’établir plus aisément un projet thérapeutique adapté et de réduire l’ambivalence dans la recherche scientifique.