Développement d'une mesure de la précision de la mémoire à court terme verbale phonologique

Abstract

La mémoire à court terme est généralement évaluée à l’aide d’une cotation classifiant la réponse comme étant correcte ou incorrecte. Notre but était d’évaluer sa précision, c’est‐à‐dire la résolution avec laquelle les représentations sont stockées en mémoire à court terme. Bien que quelques études portant surtout sur la mémoire à court terme visuelle aient développé cet aspect, peu ont envisagé d’appliquer cette méthodologie sur le versant verbal. Nous avons ainsi décidé d’utiliser l’effet de similarité phonologique comme un gradient nous permettant d’évaluer la précision de la mémoire à court terme auditivo‐verbale, en postulant que l’augmentation de la proximité phonologique révèlerait une moindre précision au niveau des représentations stockées en mémoire. Après une série de prétests visant à valider le matériel utilisé dans la tâche principale, cinquante et un sujets monolingues entre 18 et 30 ans ont été recrutés. Une tâche de reconnaissance leur était proposée où, après l’écoute de 5 non‐mots puis d’un autre isolé, ils devaient déterminer si ce dernier faisait partie de la liste. Quatre conditions modulaient la proximité phonologique : soit le non‐mot produit en isolé était identique à son référent présenté dans la liste (condition 1), ou en était similaire avec une modification du premier phonème caractérisée par un VOT ambigu (condition 2), une opposition de voisement (condition 3) ou des traits articulatoires plus éloignés (condition 4). Postulant que les participants auraient davantage de difficultés à discriminer le non‐mot isolé de son référent à mesure que la similarité augmenterait, nous nous attendions à observer une augmentation des erreurs, des temps de réponse plus lents et des certitudes moindres dans les conditions prêtant davantage aux confusions. Des tâches évaluant le raisonnement non‐verbal, la mémoire à court terme en rappel et la discrimination auditive étaient également administrées ; le but étant d’étudier les corrélations entre ces composants et la tâche de reconnaissance. Globalement, l’impact de la variation de la proximité phonologique et de l’emplacement du non‐mot référent au sein de la liste se marque au niveau du taux de réponses correctes et de la certitude sans influencer les latences de réponse. Les résultats démontrent de meilleures performances dans la condition impliquant la similarité phonologique la plus faible par rapport aux conditions où elle est plus élevée. Ceci va globalement dans le sens d’un déclin de la précision associé à l’accroissement de la proximité phonologique. De nouvelles investigations seront toutefois nécessaires car toutes les hypothèses posées ne sont pas rencontrées.