Validation de la Brief Evaluation of Receptive Aphasia (BERA) dans le dépistage des troubles phasiques chez les patients en état de conscience minimale : Étude de cas multiples

Abstract

La présence de troubles langagiers chez les personnes avec un trouble de la conscience a été suspectée notamment par une baisse de métabolisme cérébral dans certaines zones cruciales dans le traitement du langage (Majerus et al., 2009). Or le langage est fortement sollicité dans l’évaluation comportementale de la conscience. Dès lors, en cas de troubles à ce niveau, celle-ci risque d’être fortement perturbée et le diagnostic final se verrait erroné (Schnakers et al., 2015). C’est dans ce contexte que Charlène Aubinet a élaboré la Brief Evaluation of Receptive Aphasia (BERA). Ce test comporte trente items répartis en trois sous-échelles évaluant chacune un niveau langagier distinct : la phonologie, la sémantique, la morphosyntaxe. Deux niveaux de complexité sont présents dans chaque sous-échelle. Le patient doit choisir parmi deux images celle correspondant au stimulus entendu. Cet outil est à destination des patients en état de conscience minimale (ECM) car il permet une réponse par fixation visuelle.

La validation de la BERA a été réalisée en deux étapes. Premièrement, elle a été administrée à 52 patients aphasiques. Cela a permis de démontrer que la BERA présente une bonne validité concourante avec la LAST ainsi que des fidélités test-retest, intrajuge et inter-juges satisfaisantes. Deuxièmement, la BERA a été administrée à quatre patients avec un diagnostic d’ECM. Cette deuxième phase a révélé la présence de troubles phasiques globalement plus importants que ceux présentés par le groupe de patients aphasiques. Seules les performances à la sous-échelle « phonologie » sont comparables à celles de ce dernier chez les quatre patients. Les résultats aux sous-échelles « sémantique » et « morphosyntaxe » sont quasi tous inférieurs à ceux des sujets aphasiques. Les résultats à la BERA ont été confrontés aux données de la neuro-imagerie, notamment au taux de métabolisme cortical dans les zones importantes pour le langage : le lobe temporal gauche, le gyrus frontal inférieur gauche, le cortex pariétal inférieur gauche (Aubinet, Panda, et al., 2019; Majerus et al., 2009; Saur et al., 2008, 2010). Nous avons relevé que celles-ci étaient partiellement ou totalement concernées par une baisse de métabolisme.

Ces premiers résultats se sont avérés tout à fait intéressants. Ils soulignent l’importance de poursuivre cette étude en administrant la BERA à un plus grand nombre de patients en ECM afin de mieux comprendre les capacités langagières de ces patients.