Influence du sexe et de la morphologie sur le régime alimentaire d'une espèce invasive : la gambusie (Gambusia holbrooki)

Abstract

Gambusia holbrooki, poisson ovovivipare montrant un dimorphisme sexuel très marqué, est une espèce agressive, difficile à éradiquer et très invasive à l’échelle mondiale. Son régime alimentaire est extrêmement diversifié (divers invertébrés, végétaux, conspécifiques, œufs et larves d’amphibiens, ...). Elle impacte fortement son milieu et notamment les amphibiens, surtout par prédation.

L’hypothèse explorée dans ce mémoire est que le régime alimentaire, mais aussi la morphologie (externe, interne ou géométrique), diffèrent en fonction du sexe, entraînant un impact environnemental différent entre mâles et femelles. Afin de mettre en évidence un lien entre la morphologie et le régime alimentaire de la gambusie, une approche écomorphologique a été utilisée. Une analyse du contenu du tube digestif, des mesures morphologiques et une étude de la morphologie géométrique ont été effectuées sur un échantillon de 70 mâles et 70 femelles de spécimens provenant du Larzac.

Ces différentes expériences ont montré qu’il existe une relation significative entre la morphologie des gambusies et leur régime alimentaire. Gambusia holbrooki a un comportement alimentaire opportuniste et consomme les proies les plus abondantes et visibles. Les mâles, plus petits, ont une durée de vie assez courte, mangent plus de plancton et sont plus spécialistes. Les femelles étant plus plastiques et généralistes, leur pression sur l’écosystème est plus importante. La taille du poisson influence fortement son régime alimentaire. Des variations interindividuelles existant au niveau du régime alimentaire, la compétition intraspécifique s’en trouve réduite. L’exploitation des ressources alimentaires diffère selon le sexe et les variations morphologiques des femelles ; le succès reproducteur s’en trouve donc maximisé.

L’impact négatif principal des gambusies sur les amphibiens, notamment les tritons dans l’écosystème étudié, est causé par la prédation directe des larves. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des moyens de lutte et de contrôle pour limiter celui-ci.