Exploration des facteurs sous-tendant l'acquisition de l'orthographe: la méthode syllabique un facteur nécessaire à cette acquisition ?

Abstract

L'orthographe est définie comme la « manière dont s'écrivent les mots dans une société donnée » (Fayol & Jaffré, 1999). Cette acquisition complexe nécessite d'utiliser les correspondances entre les unités orales (les phonèmes) et les unités écrites (les graphèmes). Ces correspondances graphophonologiques font l'objet d'une instruction à part entière dans la plupart des écoles primaires. Néanmoins, certains établissements scolaires n'enseignent pas explicitement ces conversions. C'est, par exemple, le cas des écoles à pédagogie active de Célestin Freinet. Selon ce dernier, l'enseignement de la lecture et de l'écriture doit être utile pour communiquer. L'apprentissage du langage écrit se base donc sur des unités de sens, comme les mots et les textes (Freinet, 1961). Or, selon Share (1995, 1999, 2004, 2008), les capacités de décodage sont un élément essentiel permettant de construire ses propres représentations orthographiques. De plus, quelques études ont mis en évidence un avantage sur des épreuves de lecture et d'écriture quand les correspondances entre graphèmes et phonèmes ont été apprises explicitement (Ehri, 2006 ; Johnston & Watson, 2006 ; Johnston et al., 2005, 2009). Thompson et al. (2009) ont également pu montrer des différences entre deux groupes d'adultes différant par la méthode de lecture reçue durant leur scolarité. Un effet à long terme de l'avantage d'une méthode analytique (ou syllabique) a donc été démontré. Le mémoire ci-présent a donc pour objectif principal de comparer deux groupes de treize adultes dont la méthode d'acquisition de la lecture varie. Le premier groupe a suivi un enseignement en pédagogie Freinet. Les sujets de ce premier groupe ont été appariés à treize adultes ayant appris le langage écrit par le biais d'une méthode analytique. Les mesures d'appariement sont les suivantes : l'âge, le sexe, le niveau et le type d'études, des mesures d'intelligence non-verbale et de vocabulaire. Les sujets ont été soumis à diverses épreuves de conscience phonologique, lecture et orthographe avec pour hypothèse que les sujets « analytiques » obtiendraient des résultats meilleurs en raison de représentations orthographiques plus précises acquises par le décodage. Néanmoins, l'étude actuelle ne permet pas de confirmer statistiquement cette hypothèse et de nouveaux questionnements ouvrent la voie à de nouvelles études.