Etude comparative des capacités d'accès aux noms propres et aux noms communs entre 30-39 ans, 40-49 ans et 50-59 ans, dans un contexte de dénomination d'images : une étude sur l'évolution du recouvrement lexical au cours du vieillissement

Abstract

Au cours du vieillissement, les capacités de récupération de mots ont tendance à régresser: la vitesse d'accès est ralentie, les mots-sur-le bout-de-la-langue augmentent en fréquence et des erreurs de production peuvent apparaître. Ce constat se vérifie d'autant plus pour les noms propres dont les difficultés de recouvrement constituent l'une des plaintes majeures des personnes âgées. Alors que Verhaegen et Poncelet (2013) observaient chez les cinquantenaires un effet subtil de vieillissement sur l'accès lexical, caractérisé par une augmentation du temps de latence en dénomination, l'étude présente vise à déterminer si cet effet ne débuterait pas dès 40-49 ans. Le protocole initié par Verhaegen et Poncelet a été réitéré auprès de trois tranches d'âge: 30-39 ans, 40-49 ans et 50-59 ans. A l'épreuve de dénomination d'images de noms communs est venue s'ajouter une tâche de dénomination de visages célèbres, afin d'analyser l'évolution du recouvrement de noms propres dont le traitement se révèle plus complexe que celui des noms communs. Pour analyser les changements induits par le vieillissement, vitesses et échecs de dénomination ont été analysés et comparés entre les groupes. Les conclusions aboutissent à une augmentation linaire du temps de latence en dénomination de noms communs, les trentenaires étant plus rapides que les quarantenaires eux-mêmes plus rapides que les cinquantenaires. En dénomination de noms propres, les 30-39 ans se révèlent plus rapides que les 40-49 ans et 50-59 ans, ces deux derniers groupes ne différant pas l'un de l'autre. Le maintien des performances aux épreuves sémantiques à travers les trois groupes et le contrôle de la vitesse de traitement sur la vitesse de dénomination, attestent que les changements observés en dénomination sont bien langage-spécifique. Concernant l'analyse des productions, celle-ci permet d'objectiver un taux d'échecs hautement plus élevé en dénomination de noms propres que de noms communs. Elle met également en exergue, indépendamment du facteur âge, que les mots-sur-le-bout-de-la-langue représentent la part la plus importante de l'ensemble des types d'échecs répertoriés dans le cadre de l'étude. L'analyse détaillée de la proportion et de la répartition intra et intergroupes de ces différents types d'échecs, est l'un des objets de discussion du mémoire.