Validation d'une classe virtuelle sur le plan du comportement moteur vocal de l'enseignant en situation d'enseignement

Abstract

Les enseignants sont des professionnels de la voix (Chitguppi, Raj, Meher & Rathore, 2018), celle-ci est leur principal outil de travail et est sollicitée tout au long de la journée. Dès lors, il s’agit groupe qui est particulièrement à risque de développer des troubles de la voix (Roy, Merril, Thibeault, Gray & Smith, 2004). La voix est soumise à différentes contraintes en lien avec le contexte dans lequel évolue l’enseignant (bruit ambiant, réverbération). Pour contrecarrer les difficultés auxquels il est confronté, il est obligé d’augmenter son intensité, sa fréquence fondamentale ainsi que sa durée de phonation dans le but de maintenir un niveau d’intelligibilité correct. La modification répétitive de ces paramètres contribuent à générer de l’effort vocal (Bottalico, Graetzer & Hunter, 2015). Actuellement, les méthodes thérapeutiques qui leur sont proposées pour contrer leurs difficultés vocales se basent principalement sur la réalisation d’exercices impliquant des productions vocales décontextualisées. Ceux-ci ne permettraient pas un transfert suffisant du cabinet du clinicien à la réalité de terrain. Face à ces différents constats, la réalité virtuelle pourrait s’avérer être un outil intéressant dans le but d’apprendre des stratégies vocales appropriées en situation d’enseignement.

Nous avons testé la validité écologique d’une classe virtuelle sur le plan du comportement moteur vocal de l’enseignant. Nous avons analysé la fréquence fondamentale moyenne (Hz), l’intensité vocale moyenne (dB SPL), le pourcentage de voisement, le nombre ainsi que la durée moyenne des pauses de 30 enseignantes de 4e, 5e et 6e primaire. Nous les avons observées donner une leçon une première fois dans leur classe (condition in vivo). Ensuite, nous leur avons demandé de reproduire cette leçon dans une classe virtuelle (condition in virtuo). Les données récoltées ont été comparées à une condition de parole contrôle. Les résultats indiquent que la fréquence fondamentale moyenne ainsi que le pourcentage de voisement étaient significativement plus élevés dans les conditions in vivo et in virtuo contrairement à la condition de parole contrôle. Pour l’intensité moyenne (dB SPL), les analyses réalisées n’ont pas montré de différence significative entre les 3 conditions, il en va de même pour le nombre de pauses. Concernant la durée moyenne des pauses, nous remarquons un effet significatif de la condition, les pauses étant plus longues lors des conditions in vivo et in virtuo en comparaison avec la condition contrôle. Ces premiers résultats sont encourageants dans la mesure où ils permettent de confirmer la plupart de nos hypothèses de recherche.