Intérêt d'une guidance parentale auprès de parents d’enfants nés prématurément

Abstract

La littérature fait état de difficultés dans le développement langagier des enfants prématurés (Barre et al., 2011). De plus, l’âge gestationnel à la naissance ainsi que le niveau socio-économique familial semblent être des facteurs de risque supplémentaires (Foster-Cohen et al., 2007 ; Sansavini et al., 2007). Ces enfants sont donc plus à risque de présenter un retard de développement langagier. Les théories interactionnistes (Bruner, 1983) soulignent l’importance du rôle parental dans le développement langagier de l’enfant. Le langage adressé à l’enfant par sa mère (Snow & Ferguson, 1977), sa sensibilité ainsi que sa capacité à réagir et répondre de façon adaptée à l’enfant l’aideront dans ce développement (Tamis-LeMonda et al., 2014). Cependant, les interactions parent-enfant semblent être perturbées lorsque l’enfant présente un retard de langage (Vigil et al., 2005). Lors de prématurité, l’ajustement maternel semble compromis avec des intrusions plus fréquentes ne répondant pas aux signaux de communication de l’enfant (Feldman & Eidelman, 2006). Afin de mettre fin à ce cercle vicieux, des guidances parentales logopédiques s’avèrent être efficaces tant au niveau de la communication parentale que des habiletés langagières d’enfants nés à terme (Roberts & Kaiser, 2011). La rétroaction vidéo, utilisée dans des guidances parentales logopédiques (Girolametto & Weitzman, 2006), est un outil intéressant lors de séances individuelles de feedback aux parents. Notre étude a pour objectif d’évaluer l’intérêt d’une guidance parentale logopédique individuelle de 15 séances avec rétroaction vidéo auprès de parents d’enfants prématurés (AG<32 semaines) âgés de 30 mois présentant un retard langagier. Le groupe expérimental comprend 7 dyades parent-enfant et une triade (mère-jumeaux), issues de la cohorte EPIPAGE 2, dont les interactions filmées ont été analysées avec le logiciel CLAN. Les parents montrent des améliorations dans l’utilisation d’attitudes et techniques facilitatrices, ainsi qu’une diminution d’ordres à l’issue de la guidance. Cependant, aucune différence significative n’est relevée concernant les mesures langagières chez les enfants après l’intervention. Une analyse qualitative individuelle relève cependant des progrès dans la production langagière et lexicale ainsi que la taille du répertoire phonétique chez la majorité des enfants.