Adaptations physiologiques aux différentes conditions de salinité chez les anguillidés (Anguilla spp.)

Abstract

Dans un contexte de réchauffement climatique, et donc de salinisation croissante des cours d’eau douce, couplé à une croissance démographique toujours plus importante, il devient d’autant plus essentiel de comprendre les mécanismes physiologiques de l’osmorégulation chez les poissons. Ces derniers constituent une ressource alimentaire majeure et la pisciculture et la pêche sont des secteurs clé de l’alimentation mondiale. Pour modèle, il a été choisi les anguillidés, dont les espèces sont bien connues pour leur caractère migratoire et diadrome : elles évoluent donc, lors de leur cycle de vie, à la fois dans l’eau douce et dans l’eau salée. Celles-ci sont exposées à un haut stress osmotique lors de ces changements environnementaux, et des modifications anatomiques et physiologiques variées permettent une transition aisée entre les deux milieux. Nous allons voir que, chez l’anguille, de multiples organes tels que les branchies, le système digestif ou encore les reins sont impliqués dans l’osmorégulation. En eau douce, ces poissons subissent un influx d’eau et une perte ionique via une diffusion passive à travers leurs surfaces corporelles perméables, principalement les reins et les branchies. Ils compensent alors par la diminution de la prise de boisson, l’absorption active de sodium à travers les branchies, et la formation en grande quantité d’urine hypotonique. En eau de mer, en revanche, ces espèces subissent un efflux hydrique, donc une déshydratation osmotique, et une entrée ionique massive principalement par l’épithélium branchial perméable. L’anguille va alors compenser en buvant de manière importante, en absorbant de l’eau dans l’intestin, en excrétant le chlorure de sodium à travers les branchies, ainsi qu’en réduisant le volume urinaire excrété pour prévenir au maximum une perte d’eau rénale. Tous ces mécanismes sont assurés au niveau cellulaire et moléculaire par des protéines, enzymes, et autres transporteurs ioniques et hydriques qui ont été, pour une grande partie, identifiés. Le tout est contrôlé étroitement par le système nerveux et plus particulièrement le système endocrinien. Ce travail de fin d’étude a pour but de décrire les différents processus physiologiques permettant l’adaptation aux différentes conditions de salinité chez les anguillidés.