Evaluation de l'efficacité des bandes fleuries à favoriser les insectes pollinisateurs, en particulier les papillons de jour, via l'étude du butinage

Abstract

Dans le cadre du programme agro-environnemental wallon, des bandes aménagées à fleurs des prés sont implantées le long des cultures pour faire face au déclin des insectes pollinisateurs. Le semis des bandes, dont la composition est fixée, comprend des plantes sauvages et locales. Celles-ci fournissent des ressources alimentaires (nectar et pollen) et des sites de nidification aux insectes butineurs. Sur base des données issues des recensements annuels et de données collectées en 2020, l’attractivité des bandes fleuries pour les rhopalocères et autres pollinisateurs (abeilles, syrphes et zygènes) est évaluée dans ce travail. Plus précisément, l’évolution des ressources nectarifères au cours de la saison, ainsi que les interactions de butinage entre plantes (semées et spontanées) et insectes sont étudiées. Ce mémoire a également pour but de compléter l’inventaire des plantes butinées par les rhopalocères, bien moins documentées que leurs plantes hôtes. Les rhopalocères sont effectivement de bons sujets d’étude en raison de leurs caractères de bio-indicateurs et d’espèces parapluies. Enfin, l’effet de paramètres environnementaux sur les communautés de papillons observés dans les bandes est analysé, dans le but de déterminer les variables qui bénéficient au mieux leurs populations. Dix bandes fleuries, situées dans la province de Namur, ont été visitées entre mai et juillet 2020 à un rythme d’une visite par bande toutes les deux semaines. Trois points d’observations fixes ont été effectués sur chaque site. En chaque point d’observations, les unités florales ont été dénombrées pour chaque espèce végétale avant de compter les interactions interspécifiques de butinage durant 20 minutes. Les plantes ayant été le plus visitées par les pollinisateurs sont les espèces semées Centaurea jacea, Lotus corniculatus et Leucanthemum vulgare. Les ressources florales ont été relativement peu nombreuses en mai. Parmi les quelques espèces butinées à cette période, se trouvent notamment Cyanus segetum, Crepis biennis, Taraxacum sp. et Lychnis flos-cuculi. Les ressources florales étant essentielles pour les insectes au printemps, peut-être serait-il intéressant d’ajouter (ou de réintégrer dans le cas de C. segetum) ces espèces dans le semis. Medicago sativa pourrait également être à considérer dans le semis. Ce travail a permis d’identifier une vingtaine de nouvelles interactions entre plantes et rhopalocères. Il a aussi mis en évidence une différence entre les communautés de rhopalocères dans les bandes. En effet, les bandes les plus proches tendaient à avoir des assemblages d’espèces similaires. De plus, les bandes localisées en lisière forestière ont accueilli plus d’espèces spécialistes. Les habitats à proximité de milieux boisées sont effectivement connus pour abriter une plus grande diversité de rhopalocères, bien que ce ne fut pas observé pour toutes les bandes en lisière. De futures études au sein des bandes fleuries seraient utiles, en particulier pour évaluer l’intérêt des espèces végétales fleurissant plus tardivement. Elles permettraient également de compléter les connaissances sur les plantes butinées par les rhopalocères. Des recherches plus approfondies sur l’influence des paramètres environnementaux sur les communautés de papillons seraient aussi utiles, de manière à pouvoir optimiser l’efficacité de cette mesure de conservation.