Analyse par Système d'Information Géographique (SIG) du risque d'inondation dans la ville de Gros-Morne en aval du bassin versant de la Rivière Mancelle, Haïti

Abstract

Chef-lieu de l’arrondissement du même nom, la commune de Gros-Morne est située dans le département de l’Artibonite et relie le département du Nord-Ouest au reste du pays par la route nationale numéro 5. Elle s’étend sur 397 km2 et compte 155 692 habitants (IHSI, 2015). Elle possède de ressources hydrologiques relativement abondantes, dont les Trois-Rivières qui viennent du département du Nord et la Rivière Mancelle qui prend sa source au niveau de la 2e section communale portant le même nom. Ces deux rivières placent l’aire urbaine en sandwich et représentent par leurs débordements le risque majeur qui y plane. Par sa proximité à la ville, les dommages antérieurs et le risque qu’elle représente actuellement, la Rivière Mancelle a été retenue comme le sujet d’étude, laquelle est réalisée dans un objectif global de contribuer à la réduction des dommages associés aux débordements de cette rivière. Pour y arriver, nous avons fixé comme objectifs spécifiques de : i) Cartographier le risque d’inondation dans le bassin versant de la Rivière Mancelle ; ii) Analyser les interventions des autorités en vue de mitiger ce risque ; iii) Déduire et analyser les facteurs à l’origine de la susceptibilité des localités aux débordements de Mancelle et ceux à la base des sévères dommages qui y sont souvent associés ; iv) Faire des propositions pour une meilleure gestion de ce risque. Afin d’atteindre ces objectifs, nous utilisons les fonctionnalités d’un Système d’Information Géographique et la méthode de l’Analyse Hiérarchique des Procédés qui nous ont permis d’obtenir la carte de susceptibilité des zones par la combinaison de la pente, l’altitude, la lithologie, la distance euclidienne des zones par rapport aux cous d’eau et la carte d’occupation de sol du bassin, puis la carte des enjeux par la combinaison de la densité de population, le réseau routier et la carte d’occupation de sol en s’accentuant sur les habitats et les champs agricoles. La carte montre de l’amont vers l’aval du bassin que la susceptibilité devient de plus en plus sévère, ce résultat peut être expliqué par les contextes topographique, hydrographique et lithologique de la région qui sont très propices au ruissellement des eaux de pluie. A ces facteurs naturels s’ajoutent les facteurs anthropiques tels les pratiques agricoles sarclées et la coupe anarchique des arbres en amont du bassin, la fouille du lit de la rivière pour l’exploitation des sables et l’installation désordonnée de la population le long des berges. Face à l’intensification de ces facteurs anthropiques et la fréquence des évènements climatiques, la communauté urbaine devient de plus en plus vulnérable à cette rivière. Pourtant, malgré le risque actuel et les dommages enregistrés lors des tempêtes tropicales de 2006, 2007 et 2008 la population ne se voit pas ailleurs, même lorsque les interventions des autorités compétentes dans l’objectif de mitiger ce risque restent très limitées.