Enjeux et contraintes socio-économiques de la valorisation des résidus post-récolte de l'ananas (Ananas comosus) pour les acteurs majeurs de la filière au Sud du Bénin

Abstract

Au Bénin, l’agriculture du département de l’Atlantique est représentée par plusieurs filières prioritaires depuis la mise en place de la politique des pôles de développement, initiée en 2015. Cette politique consiste à départager les territoires en fonction de « leur vocation », synonyme des conditions climatique et pédologique. La culture de l’ananas (Ananas comosus) est l’une de ces filières au sein du pôle de développement dont le département de l’Atlantique fait partie. Ce département en particulier représente 93 % des superficies emblavées pour la culture d’ananas du Bénin. Suite à la politique mise en place, des programmes de développement des chaînes de valeurs des filières prioritaires ont été inaugurés. Ces programmes visent non seulement à l’aide aux producteurs lors de la mise en culture par l’apport de conseils ou de subventions, mais également à la localisation des problèmes rencontrés au niveau de l’ensemble de la chaîne de valeur. L’un des problèmes majeurs identifiés au niveau de la culture d’ananas est la gestion des résidus post-récolte. Ces résidus sont arrachés, et soit mis en paillage ou entassés afin d’être séchés puis brûlés, causant des pertes de superficie et de rendements. L’objectif de ce travail a été de mettre en œuvre une technique de valorisation des résidus post-récolte de l’ananas plus précisément dans la production énergétique pouvant être réintroduite au sein des unités de transformation de jus. Ce travail a consisté également à l’identification des impacts socio-économiques des deux principaux acteurs : producteurs et transformateurs. Pour parvenir à l’objectif, une partie de l’étude a été menée sur la faisabilité technique par la réalisation d’expérimentations de production de briquettes à base de résidus post-récolte broyés, de tests de performance énergétique et d’une détermination des rendements en matière première par hectare. Une seconde partie relative aux impacts a nécessité la prospection de 74 producteurs et 23 responsables d’unité de transformation. Les résultats montrent une faisabilité technique avérée à petite échelle qui n’est, pour le moment, pas adapté à une production plus importante. Les tests de combustion ont permis de mettre en avant des combustibles performants compétitifs face aux sources d’énergie visées par le remplacement auprès des unités de transformation. Les rendements en matière première évalués entre 44,7 t/ha et 108,8 t/ha selon les variétés permettent d’ancrer le projet dans la réalité d’une production à plus grande échelle. Du point de vue des acteurs, les prospections ont permis d’évaluer l’impact de la valorisation tant au niveau de la sécurisation des revenus des producteurs que les contraintes de récolte. Les résultats de ces enquêtes ont donné lieu à l’identification des périodes de disponibilité des résidus, l’estimation de la contrepartie financière allouée aux producteurs et à l’estimation du coût des briquettes. Cette phase expérimentale montre des résultats compétitifs en particulier par rapport au charbon de bois.