La reconnaissance des émotions chez l'enfant présentant un trouble du spectre de l'autisme: quelle intervention et quel impact sur l'inclusion scolaire ?

Abstract

La reconnaissance des émotions est une compétence sociale qui fait défaut aux personnes présentant un TSA et ce déficit a un impact sur leurs interactions avec leurs pairs. Deux hypothèses permettent d’expliquer ces difficultés. D’une part, les personnes présentant un TSA auraient un déficit de cohérence centrale et n’arriveraient pas à traiter les visages comme un tout. Ils analyseraient donc les différentes caractéristiques du visage en se focalisant davantage sur la région de la bouche que sur la région des yeux. Cela a des conséquences sur la reconnaissance des émotions négatives telles que la peur notamment. D’autre part, les personnes présentant un TSA auraient des difficultés à traiter les stimuli dynamiques parce qu’ils seraient présentés trop rapidement pour eux. Deux types d’intervention découlent de ces hypothèses. Certaines interventions s’attèlent à attirer l’attention des personnes présentant un TSA sur les différentes caractéristiques du visage et notamment sur la région des yeux. D’autres interventions présentent des stimuli dynamiques à une vitesse ralentie afin d’améliorer la reconnaissance des émotions. Il ressort également qu’il serait plus intéressant d’utiliser des stimuli dynamiques lors des interventions, en raison de leur validité écologique. Nous avons réalisé une étude de cas avec un enfant présentant un TSA scolarisé dans l’enseignement maternel ordinaire. Nous avons testé les deux types d’intervention avec lui. Afin d’évaluer les progrès de notre patient ainsi que l’impact de notre intervention sur ses habiletés sociales, nous avons construit une ligne de base « multiple ». Les résultats que nous avons obtenus soutiennent les hypothèses selon lesquelles il est possible d’améliorer la capacité de reconnaissance des émotions d’un enfant présentant un TSA et il est possible d’ainsi avoir un impact sur ses attitudes et ses interactions sociales. Nous ne pouvons cependant pas nous prononcer quant au type d’intervention le plus efficace. De futures études devraient continuer d’investiguer ces questions en recrutant un plus grand nombre de participants et en créant un groupe contrôle. Il serait également intéressant d’améliorer la tâche expérimentale utilisée en multipliant le nombre d’items afin de la rendre plus sensible. Enfin, il serait intéressant de poursuivre la réflexion à propos du fait que les interventions présentées ne conviennent pas à tous les enfants présentant un TSA. Des protocoles d’intervention plus flexibles pourraient permettre de rendre l’intervention plus accessible.