Étude du rôle des doigts dans le développement des compétences arithmétiques chez des enfants tout-venant ou à risque de développer un trouble développemental de la coordination : une étude longitudinale

Abstract

Contexte : L’utilisation des doigts au cours de l’apprentissage des mathématiques est courante chez les enfants du monde entier. De nombreuses recherches sont, dès lors, menées pour mieux comprendre le rôle que jouent les doigts dans cet apprentissage. Afin de compléter les données existantes, nous nous sommes posés deux questions de recherche à travers cette étude longitudinale. La première est de savoir quel rôle jouent les habiletés sensori-motrices des doigts dans le développement de l’arithmétique. Ensuite, nous avons questionné l’évolution et l’utilisation des stratégies de calcul chez les enfants à risque de développer un trouble développemental de la coordination.

Méthodologie : Nous avons donc évalué 67 enfants du début de leur première primaire à la fin de leur deuxième primaire, tous les 6 mois (i.e. quatre rencontres en tout). Cette cohorte fut divisée en deux sous-groupes, l’un contenant 63 enfants tout-venant, l’autre contenant 4 enfants à risque de développer un trouble développemental de la coordination. Lors de ces rencontres, nous avons évalué leur dextérité motrice à l’aide de trois tâches issues de la MABC-II, leurs gnosies digitales ainsi que leurs compétences arithmétiques (faits arithmétiques et arithmétique sans contrainte de temps) et leur mémoire de travail. Pour la tâche d’arithmétique sans contrainte de temps, nous relevions les stratégies employées par les enfants lors de la réalisation des calculs (doigts, récupération, calcul procédural, inconnue).

Résultats et discussion : Les résultats correspondant à notre première question de recherche ne nous permettaient pas de confirmer le rôle fonctionnel des habiletés motrices fines dans le développement de l’arithmétique. En revanche, les gnosies digitales prédisaient les compétences arithmétiques du début de la première primaire jusqu’au début de la deuxième primaire, indépendamment de l’influence de la mémoire de travail. Concernant notre deuxième question de recherche, nous avons analysé qualitativement l’évolution des stratégies et des performances de 4 enfants à risque de développer un trouble développemental de la coordination. Nos résultats montrent que ces enfants ont davantage utilisé leurs doigts pour résoudre des additions et des soustractions à 1 ou 2 chiffres. Ils possédaient les mêmes performances que les enfants tout-venant au niveau des deux tâches arithmétiques et de la mémoire de travail. Cependant, on notait des difficultés à la tâche d’arithmétique sans contrainte de temps en fin de deuxième primaire nous amenant à supposer un retard de développement de l’arithmétique traduit par des difficultés à se détacher des supports externes que sont les doigts à cause d’une difficulté à automatiser les procédures de calcul.