Suivi d'une population de [i]Natrix helvetica[/i] et évolution de la potentialité d'accueil de l'habitat : une approche croisée sur le domaine du Sart-Tilman

Abstract

La présence ainsi que la forte abondance de Natrix helvetica, la couleuvre helvétique, sont documentées de longue date sur le domaine universitaire du Sart-Tilman en Belgique. Plusieurs études cherchant à étudier cette importante population de serpents y ont ainsi vu le jour au cours des années. La dernière étude démographique en date réalisée en 2007 estimait à environ 240 individus les effectifs de population. Le domaine universitaire a cependant aujourd’hui beaucoup évolué, notamment au niveau de son bâti et du couvert végétal. Afin d’évaluer l’état de santé de la population locale et d’orienter les pratiques de gestion, ce travail de suivi propose une approche croisée combinant une étude démographique par Capture-Marquage-Recapture (CMR) et une modélisation cartographique de la potentialité d’accueil du milieu. Un réseau de 77 plaques à reptiles a été installé sur sept sites distincts du domaine. Les prospections ont permis d’identifier 60 individus différents. Les estimations d’effectifs de la population ont été calculées via différents modèles Cormack-Jolly-Seber POPAN. Les résultats révèlent une chute drastique des effectifs depuis l’étude de référence de 2007 : jusqu’à 77,82 % de diminution pour la zone cœur de la population du domaine et ce, malgré un effort d’échantillonnage supérieur. En plus d’être moins nombreux qu’en 2007, les individus capturés en 2025 sont également plus petits et donc plus jeunes. En parallèle, deux modélisations cartographiques ont été réalisées en utilisant des données de Land Cover et d’élévation du sol (LIDaR). Ces modèles ont ensuite été pondérés pour évaluer l’évolution de la potentialité d’accueil entre 2010 et 2022. Les résultats montrent une stabilité apparente du domaine mais masquent des dégradations fines et localisées, notamment sur d’anciennes zones favorables majeures de l’étude de 2007, comme l’ancien jardin botanique universitaire. La diminution des effectifs semble multifactorielle : raréfaction des proies (notamment Rana temporaria), disparition de sites de ponte et d’hibernation, intensification du pâturage, prolifération d’espèces envahissantes et pratiques de gestion inadaptées. Ce travail propose une série de recommandations concrètes pour restaurer les habitats favorables et ainsi favoriser le redéploiement de la couleuvre helvétique sur le domaine.