Quels liens entretiennent l'anxiété mathématique, le niveau socioéconomique et le genre sur les performances mathématiques ? Une analyse secondaire des données de PISA 2012

Abstract

L’anxiété en mathématiques (AM) constitue aujourd’hui un enjeu central pour comprendre les inégalités scolaires. Définie comme un ensemble de réactions émotionnelles négatives face aux situations d’apprentissage ou d’évaluation, elle est associée à des effets délétères tant sur la réussite que sur les attitudes envers cette discipline. De nombreuses recherches ont également montré que l’AM entretient des liens étroits avec divers facteurs sociaux et psychologiques. Parallèlement, le genre et le statut socioéconomique (SES) occupent une place importante dans les travaux sur la réussite scolaire en mathématiques : le SES est identifié comme un déterminant majeur, tandis que les différences liées au genre continuent de faire l’objets de débats, encore aujourd’hui. Néanmoins, si la littérature examine de longue date leurs relations respectives avec les performances en mathématiques, ces dimensions sont généralement envisagées séparément. Ainsi, l’articulation entre AM, SES et genre dans l’explication des performances reste encore sous-explorée.

L’enquête internationale PISA 2012 offre, à cet égard, un cadre pertinent pour analyser conjointement ces trois dimensions et étudier leurs effets croisés sur les performances mathématiques. Elle permet non seulement de mettre en évidence les relations individuelles entre AM, SES et genre sur les résultats scolaires, mais aussi de les replacer dans des contextes scolaires et institutionnels différenciés. En effet, la réussite des élèves ne peut se réduire à la seule maîtrise de compétences cognitives : elle résulte d’interactions complexes entre caractéristiques personnelles, expériences affectives et organisation des systèmes éducatifs. Comme l’ont montré plusieurs travaux, l’AM se nourrit à la fois des pressions académiques, des comparaisons sociales et des logiques institutionnelles, que des dispositions individuelles.

C’est dans cette perspective que s’inscrit le présent mémoire. À partir des données de PISA 2012, il recourt à des modèles multiniveaux afin de prendre en compte la structure hiérarchique des données – élèves regroupés dans des écoles, elles-mêmes inscrites dans des systèmes éducatifs – et d’examiner, d’une part, l’effet de l’AM sur les performances en mathématiques et, d’autre part, ses interactions avec le SES et le genre. Ainsi, l’originalité de la démarche tient dans le choix de considérer conjointement ces trois variables, rarement étudiées de concert, et de les inscrire dans une perspective internationale mettant en lumière l’influence des contextes éducatifs sur les inégalités scolaires.

Mathematics anxiety (MA) has become a central issue in understanding educational inequalities. Defined as a set of negative emotional reactions to learning or assessment situations, it is associated with detrimental effects on both achievement and attitudes toward mathematics. Numerous studies have also shown that MA is closely linked to various social and psychological factors. At the same time, gender and socioeconomic status (SES) hold a prominent place in research on mathematics achievement: SES is identified as a major determinant, while gender-related differences remain the subject of ongoing debate. However, although the literature has long examined their respective relationships with mathematics performance, these dimensions are generally considered in isolation. As a result, the interplay between MA, SES, and gender in explaining achievement remains underexplored.

The 2012 PISA international survey provides a relevant framework for jointly analyzing these three dimensions and for studying their combined effects on mathematics performance. It not only makes it possible to highlight the individual relationships between MA, SES, and gender and student outcomes, but also to situate them within different school and institutional contexts. Indeed, student achievement cannot be reduced to the mastery of cognitive skills alone: it results from complex interactions between personal characteristics, affective experiences, and the organization of educational systems. As previous studies have shown, MA is shaped by academic pressures, social comparisons, and institutional logics, as well as by individual dispositions.

This thesis is situated within this perspective. Drawing on PISA 2012 data, it employs multilevel models in order to take into account the hierarchical structure of the data—students nested within schools, which are themselves embedded in educational systems—and to examine both the effect of MA on mathematics performance and its interactions with SES and gender. The originality of this study lies in its decision to consider these three variables jointly, which are rarely investigated together, and to frame them within an international perspective that highlights the influence of educational contexts on educational inequalities.