Travail de fin d'études / Projet de fin d'études : La perception des espaces publics aux abords de l'Université de Liège par les étudiant·e·s - Une analyse genrée des usages et ressentis

Abstract

Cette étude s’intéresse à la perception des espaces publics aux abords de l’Université de Liège, en particulier par les femmes et les minorités de genre. Alors que les espaces publics constituent des lieux centraux de sociabilité, de mobilité et de vie urbaine, leur conception et leur usage restent encore marqués par des inégalités de genre. La littérature scientifique met en évidence une forte surreprésentation des études axées sur la binarité homme/femme, laissant les expériences des minorités de genre largement invisibilisées. L’objectif de ce travail est donc double : d’une part, analyser la perception qu’ont les étudiant·e·s de ces espaces, et d’autre part, identifier les enseignements utiles pour les conceptrices et concepteurs d’espaces urbains. La recherche s’appuie sur une méthodologie mixte. Un questionnaire diffusé à grande échelle auprès de la population étudiante de l’Université de Liège a offert une base solide d’évaluation sur différents critères (éclairage, propreté, signalétique, sécurité, proximité, discrimination, inclusivité). En complément, sept balades commentées individuelles ont été menées, donnant la possibilité d’explorer plus finement et en situation les ressentis, les expériences et les attentes des participant·e·s. Les résultats montrent que la perception des espaces publics est fortement genrée. Les hommes cisgenres tendent à évaluer les espaces de manière factuelle et détachée, alors que les femmes cisgenres et les minorités de genre y associent des dimensions de sécurité, de bien-être et d’ambiance. Ces groupes se révèlent également plus critiques, en particulier dans les contextes urbains denses, tandis que les campus périphériques du Sart-Tilman suscitent une appréciation plus positive. Les vécus de discriminations antérieures renforcent par ailleurs une vigilance et une empathie accrues chez les femmes et les minorités de genre. Enfin, plusieurs thématiques classiques issues de la littérature (éclairage, sécurité) trouvent confirmation, mais d’autres apparaissent comme secondaires (signalétique), tandis que de nouvelles dimensions émergent (aménagement des espaces). Ce travail met en lumière l’importance d’intégrer la pluralité des expériences genrées dans la conception des espaces publics. Au-delà des approches binaires, il souligne la nécessité de développer une sensibilité accrue, fondée sur l’écoute, la recherche et l’empathie, afin de penser des espaces inclusifs pour toutes et tous.